Les Moudjahidine du Peuple, principal groupe d'opposition iranien, ont été rayés, hier, de la liste d'organisations terroristes de l'UE, après une longue bataille juridique, a annoncé la présidence tchèque de l'UE. La décision a été prise par les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles. Les bases juridiques permettant à l'UE de maintenir les Moudjahidine sur cette liste, créée en 2002 dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 et renouvelée tous les six mois depuis, étaient devenues extrêmement fragiles depuis le 4 décembre. Le tribunal de première instance de la Cour européenne de justice avait alors annulé le gel des fonds de l'organisation, qui est la principale conséquence de l'inscription d'une organisation sur la liste terroriste. Le retrait annoncé, hier, représente une victoire après plus de trois ans de bataille juridique pour les Moudjahidine du Peuple, organisation fondée en 1965 avec pour objectif d'abord de renverser le régime du Chah puis le régime islamiste. Emmenés par leur leader Maryam Rajavi, qui habite en banlieue parisienne et circule librement, les Moudjahidine réclamaient activement leur retrait de la liste auprès des médias et des eurodéputés, et organisaient régulièrement des manifestations en Europe. Ils assurent n'avoir aucune activité terroriste et accusent les pays européens – la France en particulier – de les maintenir sur la liste uniquement pour “apaiser” le régime de Téhéran, avec qui les Européens ont des relations difficiles en raison du dossier nucléaire et de la situation explosive au Proche-Orient. Certains diplomates européens ont néanmoins indiqué garder “des soupçons” contre les Moudjahidine, tout en reconnaissant que les “preuves” ont manqué pour convaincre la Cour européenne de justice. La bataille juridique n'est peut-être pas terminée: la France a annoncé vendredi qu'elle avait fait appel de la décision du 4 décembre. Si elle obtenait gain de cause avant six mois, un diplomate français n'a pas exclu vendredi que Paris redemande alors sa réinscription sur la nouvelle liste terroriste de l'UE qui devrait être publiée fin juillet. R. I. /Agences