Elle a été présentée hier, devant le procureur près le tribunal de Annaba qui a décidé de sa mise sous mandat de dépôt pour tentative d'homicide volontaire. Au lendemain de sa spectaculaire tentative de suicide qui a mis en émoi le paisible quartier des Santons, le mystère reste entier sur les raisons qui ont poussé cette jeune femme de 25 ans, policière de son état de surcroît, à un acte aussi désespéré. Une chose est certaine, les habitants du quartier ne cessent de déplorer cet incident qui aurait pu dégénérer en massacre après que Farida B. eut fait usage de son arme de service en pleine rue. Beaucoup compatissent avec cette dernière pour son jeune âge d'abord et par compréhension de ses états d'âme au moment des faits, la jalousie aveuglante étant la cause de la fusillade provoquée par la policière et de sa tentative de suicide. L'examen des faits par les enquêteurs, depuis hier justement, devrait permettre de revenir sur le contentieux entre deux familles qui ont abouti à cette violence. Selon les propos qu'elle a tenus à la famille, au moment où elle a fait irruption chez elle, Farida voulait éliminer “tous ceux qui étaient susceptibles de s'opposer à son mariage avec Radouane”, son fiancé, dans son équipée meurtrière, déclare un membre de la famille. La policière s'était murée dans le silence depuis son interpellation, une heure après avoir blessé par balle une femme de ménage et les deux sœurs de son fiancé à l'intérieur même de leur domicile. Son déchaînement à l'encontre de ses victimes montre qu'elle “voulait faire le plus de victimes possible”, a indiqué, hier, un des confrères de la jeune policière, qui a participé à son arrestation. “Farida était équipée pour commettre un carnage. Le fait même qu'elle s'est présentée armée à la porte de la famille de son fiancé prouve qu'elle voulait se faire entendre, par la force s'il le fallait”, dira encore notre interlocuteur, tout en soulignant que le fait de garder son arme sur soi n'est pas préjudiciable, ce qui l'est, par contre, c'est d'en faire usage. Après une nuit passée sous contrôle médical à l'hôpital psychiatrique Errazi de Annaba sur autorisation de la justice, et après insistance de deux médecins spécialistes, un psychologue et un neurologue, dépêchés au commissariat central, l'état psychologique de la policière est revenu à la normale, apprend-on de sources judiciaires. Elle a été auditionnée dans l'après-midi d'hier par la police, tandis que dans la matinée, son fiancé, certains membres de sa famille et des témoins de la scène ont été entendus par les enquêteurs, selon la même source. Deux des trois victimes sont hors du danger après avoir reçu les premiers soins dès leur admission au service des urgences du CHU de Annaba. La troisième, touchée au niveau du bassin, serait également hors de danger, après une nuit passée presque dans un état critique. Cette malheureuse victime avait été atteinte d'une balle qui s'est logée au niveau d'une partie sensible. B. BADIS