Dotée d'une richesse archéologique inestimable, la wilaya de Tizi Ouzou accuse un retard dans la recherche et l'exploitation des sites archéologiques existants. L'insécurité, le manque de subvention et l'absence d'aide aux spécialistes en la matière en sont sans doute les premières contraintes et principales causes. Pour ces derniers, un problème de recrutement semble être évoqué. La plupart des professionnels sont recrutés dans le cadre de l'emploi des jeunes. Le secteur souffre aussi de la fuite des encadreurs appelés à exercer pour le compte d'autres pays… C'est, en tout cas, ce qu'a fait remarquer Djamel, un jeune archéologue. Selon notre interlocuteur, “le déploiement de l'armée et le manque de subvention compliquent davantage notre mission”. Ce qui fait que plusieurs sites restent inexploités ou abandonnés après une première fouille. “Si l'on se réfère à la réglementation en vigueur, les bureaux d'études, les sociétés qui s'occupent de l'aménagement du territoire, les services techniques… devraient pouvoir opérer des recrutements en la matière. Ce qui n'est pas évident.” Des moyens humains qui cherchent preneur. Pourtant, cela va contribuer à la protection de la richesse archéologique et à l'avancée de la recherche dans le domaine. La Kabylie compte essentiellement des vestiges archéologiques préhistoriques, antiques et médiévaux… Sur tout le territoire national, seule une infime partie demeure exploitée, notamment du côté de Sétif, de Mostaganem, Sidi Abdellah (Zéralda) et Tissemsilt. “Ce qui représente peu”, nous dira un étudiant de l'Institut d'archéologie de Zéralda. Une structure-mère créée en 1977 et disposant d'annexes à Guelma, Constantine et Tlemcen. D'autres sites fouillés dans les années 1980 restent abandonnés comme, par exemple, celui d'Afalou et de Tamahat, du côté de Jijel. D'autres ne sont même pas classés, ce qui représente une perte inestimable pour la recherche scientifique dans notre pays. À Tizi Ouzou, nos interlocuteurs avouent que le site préhistorique de la région s'étend de Yakouren jusqu'à Boumerdès, ce qui représente une large superficie. L'on citerait encore les ruines de Tigzirt, d'Azeffoun, d'Aït R'houna, d‘Avizar, d'Ifigha, de Makouda, de la citadelle de Koukou, les Bordjs des Turcs de Boghni, du Sebaou et de Tizi Ouzou…, des lieux qui renferment une richesse historique inestimable. Pour nos interlocuteurs, dans la région de Tizi Ouzou, “le terrain est vierge”. Une situation d'abandon qui favorise l'exploitation illicite des sites historiques, notamment le pillage des lieux, le trafic international d'objets anciens, quand ils ne sont pas livrés aux aléas du temps et les dégradations de toutes sortes. Ce qui nécessite une réflexion sur l'épanouissement du travail de l'archéologue et sur la recherche archéologique dans la région afin de mettre en valeur et restaurer les sites et monuments existants. Un secteur qui n'est pas épargné non plus par la fuite des cerveaux. L'Algérie dispose, faut-il le signaler, du premier département universitaire du monde, la fac centrale, datant de 1916, fondé par Camile Akambourg, un paléontologue français. “C'est pourquoi l'on est en droit de s'étonner et de s'interroger sur les raisons de ces carences en matière de recherche archéologique qui doit pourtant nous apporter énormément sur la connaissance de notre pays et de son histoire, tout en protégeant son patrimoine.” Kocila Tighilt