De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les sites touristiques de la wilaya de Tizi Ouzou sont nombreux mais leur prise en charge tarde à venir, ainsi queleur intégration dans des circuits touristiques susceptibles d'être un bon apport pour l'économie locale. Après le désert culturel qui a prévalu durant les années quatre-vingt-dix pour cause de caisses vides et de violence, l'Etat s'est affairé depuis quelques années à recenser les différents sites archéologiques et historiques dans le but de les classer en tant que patrimoine national. Un statut qui fera bénéficier les sites en question de budgets et autres subventions pour leur réhabilitation et mise en valeur. C'est ainsi que les maisons natales des héros de l'indépendance, Abane Ramdane et Krim Belkacem à Larba Nath Irathen et Aït Yahia Moussa ont été inscrites dans des projets de réhabilitation dans le but d'en faire des musées. La même action touchera également la maison natale de l'héroïne de la résistance populaire contre l'occupation française, Lalla Fatma N'soumeur à Iferhounen ainsi que la maison qui a abrité le tirage de la déclaration du 1er Novembre 1954 à Ighil Imoula, dans les Ouadhias. Des sites et des objets archéologiques ont également été découverts dans différents coins de la wilaya par une équipe de jeunes archéologues mise sur pied par le prédécesseur de l'actuel directeur de la culture. Des stèles libyques d'Ifigha (Azazga) aux thermes romains d'Ath R'houna, en passant par les villages traditionnels d'Ath L'qaïd (Agouni Gueghran) et Ichikar (Makouda), les bordjs turcs, la maison des Ath Kaci (Tizi Ouzou) et différentes sortes d'objets racontant l'histoire millénaire de la région tout cela constitue une véritable richesse historique et archéologique qui n'est pas exploitée de façon optimale, notamment en matière de rentabilité économique dont pourraient bénéficier la région et ses habitants. Il faut dire que la mise en valeur du patrimoine culturel ne doit pas être une fin en soi dans la mesure où les pouvoirs publics devraient éviter de faire du patrimoine des endroits à visiter comme pour une récréation d'écoliers ayant obtenu de bons résultats scolaires, comme cela a toujours été le cas. Le patrimoine doit être rentabilisé économiquement et, pour cela, les circuits touristiques peuvent servir dans ce sens. Malheureusement, ce n'est pas encore intense dans une wilaya qui manque de tout ce qui relève du tourisme. D'ailleurs, en matière d'itinéraires culturels touristiques, il n'y a que quelques agences de voyages qui proposent des circuits à travers certaines localités de la wilaya. Mais, la faible demande que ce produit enregistre fait que les agences de voyage n'organisent pas énormément de circuits durant l'année. Les gérants de cellees-ci se sentent obligés de proposer une sorte de pack qui englobe des haltes culturelles dans des circuits touristiques estivaux, incluant à chaque fois des passages par Tigzirt ou Azeffoun et parfois même par Béjaïa. Ce qui implique que les circuits proposés doivent prendre quelques jours, voire une semaine que seuls les tour-opérateurs peuvent prendre en charge. C'est ainsi que seuls les établissements scolaires et de formation professionnelle de différentes wilayas du pays se permettent ce genre de sorties, selon les dires d'un responsable d'une agence de voyages de la ville de Tizi Ouzou, qui parle également de certaines familles algériennes qui se permettent, de temps en temps, des circuits touristiques incluant des sites historiques et traditionnels. Mais pour développer cette activité, les pouvoirs publics devraient se pencher sérieusement sur la question des infrastructures touristiques, dont les projets tardent à voir le jour, en plus de l'infernale question de l'insécurité qui règne dans la région. Et c'est en réunissant un minimum de conditions (par les pouvoirs publics mais aussi par les opérateurs économiques exerçant dans le secteur du tourisme) que cette activité des circuits culturels touristiques pourrait devenir un jour une culture.