Le rapport du CTC-Est conclut à un risque majeur et à un énorme danger qui peuvent être provoqués par le glissement en masse du site sur la stabilité des bâtisses déjà affaiblies, endommagées et dégradées. Pour atteindre hai Moulahoum dans la commune de Ouled Fayet, il faut quitter la route communale et s'engager dans un chemin impraticable dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne fait pas la fierté des élus locaux tant son entretien ne date pas de la dernière pluie. Un coin rural sentant les odeurs de campagne dont le quotidien est à peine troublé par les bruits du silence mais que Dame Nature y est venue changer le cours. D'abord le séisme de 2003 qui provoque une faille sur plusieurs centaines de mètres au beau milieu de ce site, ensuite les intempéries de novembre 2007 ayant précipité la mobilité du sol déjà fragilisé par la première catastrophe. Les conséquences sont aujourd'hui très visibles sur le terrain : la route qui y mène a quitté son cadre, les maisons sont sérieusement endommagées. En somme, un changement de décor a eu lieu depuis une année. Imposé par le glissement de terrain évoluant inexorablement devant l'impuissance des habitants vivant avec la peur au ventre l'approche du péril. Ces derniers assistent chaque jour qui passe à la dégradation continuelle de leurs biens alors que leurs nuits se transforment en cauchemar craignant l'effondrement par surprise des maisons dont la majorité présente des fissures importantes. Le rapport du CTC-EST, désigné comme expert, est on ne peut plus clair sur la nécessité de l'évacuation des résidents dans les meilleurs délais. Qu'on en juge : “Les bâtisses sont construites sur un terrain en pente fortement accidenté, caractérisé par sa formation argileuse, d'une part, et l'existence de puits d'eau signifiant une éventuelle nappe phréatique, d'autre part. Un glissement de terrain partout, à côté de l'oued, au niveau et au voisinage des plates-formes existantes. Effondrement et dislocation des murs et escaliers au niveau de quelques bâtisses, glissement de quelques ouvrages en béton tels que les murs, les cours et escaliers, fissuration et éclatement du béton des éléments structuraux dans quelques bâtisses, à une dizaine de mètres de la cité et juste au sommet de la falaise, on remarque une importante faille. Les différents désordres sont dus essentiellement au glissement des terres, l'affaissement du sol, la forme accidentée du site, la nature du sol, l'absence d'un réseau d'assainissement des eaux pluviales et usées. Le plus important est que le site se trouve au milieu d'une grande masse en mouvement. En conclusion, sachant que le glissement en masse engendre la ruine et l'effondrement entier des bâtisses, que les intempéries (chute intense des pluies) ou une faible secousse sismique peuvent activer et accélérer les glissements du sol, que les bâtisses sont actuellement occupées par leurs propriétaires, nous recommandons vivement d'évacuer les bâtisses en urgence par mesure de sécurité afin de ne pas mettre la vie des habitants en danger.” Un rapport qui ne fait d'ailleurs qu'augmenter les craintes des habitants qui n'ont d'autre solution que d'attendre le geste salvateur des autorités et en premier lieu le wali d'Alger après avoir frappé à toutes les portes, en vain. Pour lever les équivoques quant à leur situation vis-à-vis de la réglementation, ils rappellent qu'ils ne sont pas des indus occupants comme on cherche à le faire croire. “Mon père est né à Ouled Fayet et son grand-père s'y est installé en 1916. Nous possédons tous notre acte de propriété tout comme nous avons construit chacun avec un permis de construire. Ce que nous souhaitons, c'est une petite indemnisation pour pouvoir construire un peu plus haut que cet endroit, loin de la faille. Nous sommes des ruraux et nous voulons continuer à vivre ainsi. Nous lançons donc un appel au wali d'Alger pour prendre en considération nos doléances en restant convaincus de sa totale compréhension pour ce genre de problème”, dira l'un des habitants. ALI FARÈS