La Gendarmerie nationale a encore une fois confirmé le constat établi durant les années 2005, 2006 et 2007 : les criminels n'opèrent plus seuls. Ils s'arrogent, désormais, la qualité de gangs et sévissent dans des opérations criminelles organisées aux ramifications multiples pour parer aux parades des services de sécurité. La corrélation entre les phénomènes du crime au terrorisme, au blanchiment d'argent, à la corruption et au meurtre organisé en Algérie s'est érigée en règle ces dernières années par les bandes criminelles qui ne reculent devant rien pour arriver à leur fin. Et ce ne sont pas les palliatifs qui leur manquent dès qu'il s'agit de drogue, de fausse monnaie, de trafic d'armes et de munitions, d'immigration clandestine et autres crimes aussi répugnants pour porter atteinte à l'ordre public, aux personnes et aux biens. Mais également à l'économie nationale et à son intégrité. Mais, en face, il y a la loi et les hommes de loi qui déjouent à chaque fois ces milliers de tentatives et s'attaquent aux foyers du mal. Les chiffres révélés, hier par le colonel Djamel Zeghida, commandant de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale, donnent froid au dos. 40 121 affaires ont été traitées en 2008, dont 4 452 crimes, 35 491 délits et 178 contraventions à travers le territoire national. Lequel territoire est couvert par la Gendarmerie nationale à 83%, et le reste, à savoir 13% des localités sont directement surveillées et contrôlées par les brigades – mères. Le traitement de ces dossiers a donné lieu à l'arrestation de 57 410 personnes. Sans compter l'exécution de 9 871 mandats de justice par les unités de la gendarmerie qui a constaté une hausse de 14% en matière d'affaires traitées par rapport à l'année 2007 (35 203 affaires). C'est que les associations de malfaiteurs ont pris le relais du crime isolé pour créer un climat d'insécurité face à la montée de nouveaux fléaux et phénomènes. Les investigations poussées des unités déployées, mais surtout renforcées en moyens humains et matériels, ont permis d'élucider 86% des affaires traitées. Le reste, à savoir les 14% concernent la contrebande (62%) et les atteintes contre les biens, comme les vols (41%). Pour revenir au crime organisé en Algérie, ce sont 12 119 affaires, soit 30% de la criminalité globale, qui ont été traitées, soit un taux de 2% de plus par rapport à 2007. Les enquêtes menées par la gendarmerie dans les 48 wilayas ont permis d'appréhender 20 338 personnes, ce qui représente, tenez-vous bien, 35% du nombre de personnes arrêtées en 2008 ! Et si les saisies spectaculaires de drogue (30 tonnes, dont 26 tonnes à Béchar et Tindouf) ont constitué une préoccupation majeure, il n'en demeure pas moins que 1 090 affaires au trafic d'armes, de munitions et d'explosifs ont été traitées, dont 1 071 crimes élucidés, en sus des 1 308 arrestations opérées et 612 mandats de dépôt. Le faux s'ajoute à ce triste lot avec un taux de 10% du crime organisé en 2008 avec 1 174 affaires traitées, 1 873 mis en cause arrêtés, dont 804 écrouées. L'immigration clandestine, elle encore !, est une branche non négligeable du crime organisé et du crime transfrontalier. Affiliée aux réseaux du faux et de la contrebande, cette filière a été épinglée par les unités de la gendarmerie, notamment des GGF qui a traité 1 755 affaires (14% du crime organisé et 6% de taux de corrélation !). Sur les 7 824 personnes arrêtées (55% originaires du Niger et 22% du Mali), 6 249 immigrés clandestins ont fait l'objet d'expulsion définitive du territoire algérien. Et c'est au niveau de ces frontières, autrefois passoires, que 30 tonnes de drogue ont été saisies dans des opérations spectaculaires (appel à de gros moyens), avec en sus le traitement de 2 980 affaires liées au trafic de drogue et l'arrestation de 4 660 narcotrafiquants. Saisie de plus de 15 000 kilos de grains d'opium, 285 grammes de grains de cannabis, de 85 065 plants, dont 76 246 plants d'opium et de 9 352 plants de cannabis, le colonel Zeghida a révélé que 2 416 affaires traitées, soit 81% sont liées à la consommation, soit un taux de plus de 15%. Le colonel Zeghida n'a pas manqué de rendre hommage aux unités de GGF qui ont opéré 87% de ses saisies. 10% de ces saisies ont été opérées en haute mer par les garde-côtes et 3% sur le marché de la consommation. La fausse monnaie est également une autre filière du crime organisé et pas des moindres ! Sur les 130 affaires traitées et élucidées, les gendarmes ont récupéré plus de 3 000 coupures de faux billets en dinars et 682 autres fausses coupures en devises. 231 personnes ont été arrêtées. Enfin, 5 887 personnes ont été interpellées dans 4 789 affaires liées aux infractions spéciales. “Notre présence continue sur le terrain a payé. Nous avons les moyens et les hommes qu'il faut. Quelle que soit la nature des foyers de la criminalité, nous finirons par démanteler le réseau, a conclu le colonel Zeghida. FARID BELGACEM