Hier, un jeune homme résidant à Kehaïlia a été évacué vers le service infectieux du Chuo, son cas étant très suspect. Le premier test s'est avéré négatif mais, par mesure de précaution, un prélèvement a été effectué. Les résultats ne seront disponibles que dans quelques jours. Néanmoins, le patient a été placé immédiatement sous traitement, avons-nous appris de source médicale. Ce nouveau cas qui vient toujours de Kehaïlia, s'il vient à être confirmé, attestera ainsi que le douar reste le seul foyer de peste recensé jusqu'ici. C'est sur place qu'une équipe d'épidémiologistes et de médecins a orienté le malade sur Oran, alors même que l'ensemble des familles des patients hospitalisés ont été placées sous prophylactique. Au service infectieux, la mobilisation du personnel est toujours de rigueur. Une infirmière que nous avons croisée à l'étage nous demande : “Vous n'avez pas le journal ? Depuis ce matin, on n'a pas bougé d'ici et on n'a même pas pu jeter un coup d'œil sur le journal.” Par ailleurs, les familles qui viennent s'enquérir de leurs proches hospitalisés finissent par se résigner à ne pouvoir accéder au service. Des femmes se mettent sous un arbre pour s'abriter du soleil. Elles patientent pendant de longs moments, puis un agent ou une infirmière vient les informer de l'évolution de l'état de santé des leurs. Certains malades autorisés à ce lever se mettent aux fenêtres et, de là, rassurent leurs familles. Le service d'urgence pédiatrique est un plus sollicité que d'habitude ainsi que certains centres de soins périphériques. En effet, une psychose s'est emparée de beaucoup de personnes. La moindre poussée de fièvre ou l'apparition de vomissements, chez les enfants notamment, provoquent une ruée vers les services par crainte de la peste. Le personnel est quelque peu bousculé et, bien souvent, il faut en premier lieu rassurer les parents, les faire patienter. Une femme a ainsi amené son garçon âgé de 4 ans soufrant d'une fièvre et de maux au ventre. Elle a lu dans la presse les articles faisant part de la peste : “Dans notre cité; à l'USTO, l'hygiène est catastrophique. Il y a des souris dans les caves inondées. On a peur pour nos enfants...” Finalement et heureusement pour ce garçon, il ne s'agissait que d'une simple intoxication. Si les autorités sanitaires font tout pour rassurer les populations, des communiqués quotidiens sont envoyés aux rédactions pour souligner qu'aucun autre foyer de peste ne s'est déclaré. Il n'empêche que beaucoup de citoyens ont peur. Dans les quartiers périphériques, les familles guettent le passage des bennes à ordures et s'impatientent de voir que, par endroits, les détritus s'entassent. Tous réclament désormais des mesures énergiques de la part des autorités et déplorent qu'une fois encore, il a fallu une catastrophe pour voir les élus et autres responsables se démener. F. B. Le ravitaillement de la population de Kehaïlia s'organise Il aura fallu quelques jours pour que la machine de l'administration se mette en marche afin d'assurer comme il se doit la prise en charge des familles mises en quarantaine à Kehaïlia. La difficulté, nous dit-on, dans un premier temps, a été de les convaincre justement de ne pas quitter la zone. Depuis samedi dernier, l'APC de Tafraoui a chargé un commerçant d'approvisionner en légumes et autres denrées alimentaires les habitants de Kehaïlia. Le comité d'Oran du Croissant-Rouge s'est également mobilisé en installant à proximité de la zone une antenne, si l'on peut dire. Depuis trois jours, il ravitaille les habitants du douar en produits alimentaires : sucre, farine, riz, etc. Des couvertures et des matelas ont également été apportés. Mais jusqu'ici, l'accès à l'intérieur du hameau est toujours interdit. Cependant, le problème cruciale sur place est bien celui de l'eau potable et du ramassage des ordures, car faute de moyens, avons-nous appris, la collecte des ordures était quasiment inexistante. Des décharges sauvages se sont donc greffées aux abords des habitations. Une situation qui aurait dû alerter tout le monde depuis bien longtemps. F. B.