Les autres membres de la famille de la victime ont été hospitalisés pour des symptômes grippaux. Amar Tou, ministre de la Santé/personname /, a annoncé l'envoi d'une délégation d'experts sur les lieux et la tenue aujourd'hui d'un conseil interministériel consacré à cette maladie. Après l'apparition de “symptômes grippaux” parmi les membres d'une même famille résidant à Sidi El-Bachir, un bourg à quelque 6 km à l'est d'Oran, et surtout l'annonce du décès, ce samedi, de l'un d'entre eux, en l'occurrence le père âgé de 45 ans, c'est l'ensemble des responsables et des services de santé et vétérinaires de la ville d'Oran qui a été mis en alerte et qui a été pris de panique. Nous avons appris de sources médicales qu'une quatrième personne, le grand-père âgé de 83 ans, a été hospitalisée hier matin suite à l'intervention d'une équipe d'épidémiologistes qui ont convaincu le vieil homme de se laisser hospitaliser. Ce dernier très affecté par le décès de son fils, voulait dans ses déclarations “s'en remettre à Dieu”. Sur les ondes de la radio locale El-Bahia, des responsables du CHUO et du service infectieux ont, pour la deuxième fois consécutive, fait une intervention pour rassurer la population et déclaré qu'en “l'état des choses et de la situation sur le terrain, il ne s'agit pas d'une contamination par la grippe aviaire...” Des propos appuyés volontairement par l'enregistrement des 3 patients hospitalisés qui ont déclaré se porter mieux alors que la rue d'Oran relayant l'information se laissait aller à la panique. Dans les cafés, dans les bus, l'information allait bon train chez les citoyens qui citent souvent en exemple le cas de la Turquie qui n'a pas été en mesure de réagir promptement et comme il le fallait dès l'apparition des premiers cas humains de grippe aviaire dans des villages isolés. Certes Sidi El-Bachir n'est pas un village isolé en pleine montagne, mais c'est là justement ce qui inquiète les Oranais, cette localité qui est à 6 km d'Oran, qui plus est, se caractérise par un urbanisme anarchique où les problèmes d'alimentation en eau, d'évacuation des eaux usées se sont souvent posés. Mais il n'empêche que le souci chez les autorités de rassurer coûte que coûte la population ne doit pas occulter le fait que le diagnostic de grippe aviaire ne sera définitivement écarté que dans une huitaine de jours, durée qu'il faut à l'institut Pasteur d'Alger pour rendre les résultats des analyses virologiques et bactériologique des prélèvements qui leur ont été transmis d'Oran, ce dimanche. En fait, toute l'inquiétude est venue du décès subit du père, quelques jours seulement après l'apparition des premiers signes “d'une forte grippe” pour laquelle il avait consulté un médecin privé, et lorsque les interrogatoires cliniques des trois premiers malades hospitalisés au service infectieux, un enfant de 13 ans et ses deux oncles âgés respectivement de 33 et 46 ans, ont révélé que cette famille avait un élevage de 10 poules et de 6 canards. D'où avant-hier, l'intervention d'une équipe de vétérinaires au domicile de la famille afin de contrôler l'état de santé des animaux et effectuer des prélèvements. L'un des responsables nous relate leur intervention : “nous nous sommes rendus sur les lieux, avant-hier à 4 heures du matin, nous avons pu constater sur place que l'habitation était salubre, les sujets avicoles sont en bonne santé, et ne présentent aucun signe de maladie…” La grand-mère, qui s'occupe des poules et des canards, nous a encore déclaré qu'aucun de ses animaux n'était mort… et d'ajouter : “Nous avons tout de même effectué des prélèvements qui ont été envoyés au laboratoire de Tlemcen et nos équipes ont mené une enquête épidémiologique sur place et dans le voisinage de cette famille.” Notre interlocuteur se veut lui aussi rassurant au vu de son constat sur le terrain, mais là aussi le diagnostic ne pourra être définitif, nous dit-il, que ce samedi avec la réponse du laboratoire de Tlemcen dépendant du ministère de l'agriculture. Pour l'heure, l'état de santé des quatre malades hospitalisés au service infectieux et qui ont été placés en isolement et sous thétracycline, un antibactériologique, est stationnaire, nous dit-on. toute visite est interdite, ce que semble mal accepter notamment l'enfant de 13 ans qui ne cesse de réclamer sa mère. L'on nous signale encore que la grand-mère par contre ne présente aucun signe de maladie alors qu'elle serait le membre de la famille le plus souvent en contact avec les animaux. Ainsi beaucoup d'interrogations sur le cas de cette famille et bien peu de réponses jusqu'à l'heure actuelle. Ce qui déroute encore bien des interlocuteurs, c'est que face à une telle situation, la ville d'Oran ne dispose pas de laboratoire de référence pour effectuer des analyses comme cela est le cas dans cette affaire, une centralisation qui ne peut qu'alourdir les mesures d'urgence de prise en charge de patients et plus au cas d'une épidémie de grippe aviaire ou autre. Ainsi l'on s'interroge encore pour savoir si le Tamiflu pourra être disponible en temps voulu et en quantité suffisante plus particulièrement maintenant à Oran. Par ailleurs, nous avons appris par des indiscrétions qu'une délégation ministérielle était arrivée aujourd'hui à Oran en urgence et s'est rendue au service infectieux accompagné par le directeur du CHUO. Jusque tard dans l'après-midi, ce dernier, avec qui nous n'avons pu parler malgré nos maintes tentatives, tenait une séance de travail avec les membres de la délégation. F. Boumediene