Les résultats préliminaires se sont avérés négatifs. La tension vécue ces derniers jours par le corps médical et les responsables locaux à Oran, après le décès brutal d'un père de famille résidant à Sid El-Bachir, et qui avait un petit élevage familial de volailles, est tombée d'un cran depuis hier De même, la population, qui dans un premier temps, avait craint que le scénario du pire, l'apparition de cas humain de grippe aviaire, se jouait à côté d'eux ont vu leur crainte s'apaiser quelque peu. En effet, plus que les discours des responsables en charge de la santé, l'information rassurante sur l'évolution de l'état de santé des 4 malades toujours maintenus en isolation a permis d'atténuer la crainte qui s'était emparée de certains. Des sources médicales ont d'ailleurs signalé que l'état de santé des 4 patients, un enfant de 13 ans et 3 adultes, le grand-père de 83 ans et deux oncles âgés respectivement de 33 et 46 ans, “est stabilisé… Leur état clinique n'est pas celui de la grippe aviaire en tout état de cause !” nous a-t-on encore dit. Mais plus important, des sources hospitalières nous ont signalé avec un sentiment de soulagement que les premiers résultats préliminaires des analyses virologiques envoyées à l'Institut Pasteur s'avèrent négatifs pour ce qui est de la grippe aviaire, et cela dans l'attente des résultats définitifs qui seront disponibles en début de semaine prochaine. “Il n'y a pas de grippe aviaire à Oran, nous nous trouvons devant des personnes ayant un symptôme fébrile, cela peut être la leptospirose ou une autre infection, mais en aucun cas la grippe aviaire…”, nous a encore assurés le DG du Chuo. Ce dernier que nous avons pu joindre par téléphone explique encore qu'“il était tout à fait normal de prendre des mesures de précaution, de prévention et d'isoler les malades au service infectieux… Il n'y a aucune raison de céder à la psychose !” Cela va, par ailleurs, dans le sens des constats faits par les équipes de vétérinaires relevant de la Direction de l'agriculture d'Oran, lors des sorties épidémiologiques, et qui confirment que le petit élevage familial, servant seulement à la consommation propre de la famille du défunt, était en bonne santé. À Sid El-Bachir, une agglomération se trouvant à quelque 6 km à l'est d'Oran, le quartier Bendaoud est typique de ces grands bourgs qui ont poussé ces dernières années à la périphérie de toutes les grandes villes d'Algérie. Une urbanisation anarchique sans études d'occupation du sol. Cela se traduit par un entassement de constructions souvent de type haouch avec des pistes en guise de route. Beaucoup de familles qui vivent là se sont installées dans le cadre de l'autoconstruction, après avoir dû quitter leurs vieilles habitations, vétustes et en ruine des vieux quartiers populaires d'Oran. C'est là que réside la famille du défunt où nous nous sommes rendus hier matin. La rue est calme, la tente pour les obsèques, dressée dans une ruelle adjacente, n'a pas encore était enlevée, et pour cause, l'enterrement du père de famille n'a eu lieu qu'il y a 3 jours seulement. Le portail s'ouvre et c'est un petit enfant aux joues bien roses qui nous ouvre aussitôt, suivi par un adulte. Ce dernier, le visage grave, les yeux cernés, nous explique que la famille est en plein deuil, alors même que 4 de leurs membres sont toujours hospitalisés, et ne sont pas en état de parler ou de recevoir quiconque actuellement. Nous ne pouvons que respecter la douleur d'une famille dans de telles circonstances. Dans la rue très calme, les voisins solidaires en ces moments douloureux restent tout aussi discrets. Plus loin, les enfants, cartables au dos, sortent d'une école ; une vie de quartier banale et calme en somme. Dans les jours à venir, l'attention à Oran va se porter sur l'évolution clinique des 4 patients et sur les résultats des laboratoires de Tlemcen et de l'Institut Pasteur qui viendront ainsi définitivement lever toute crainte et toute suspicion. F. Boumediene