En l'espace d'une soirée organisée vendredi dernier, à Constantine, diplomates, cadres du secteur touristique et professionnels tunisiens ont présenté au public et aux initiés les grands axes de développement d'un marché déjà importants. La timidité déjà constatée sur certains marchés traditionnels comme le français depuis deux années continue à se faire sentir avec la crise qui touche les économies mondiales, en général, et le pouvoir d'achat de la clientèle potentielle dont celle de l'Hexagone, en particulier. Les professionnels tunisiens constatent, en ce début de l'année 2009, comme d'ailleurs l'ensemble de leurs homologues des deux rives de la Méditerranée un ralentissement du rythme des réservations. Les registres de réservation sont moins remplis que d'habitude. Le fait que la Tunisie, comme le reste des pays de la région, ne soit pas encore touchée, pour des raisons liées au niveau d'intégration dans le tissu financier mondial, ne laisse pas les concepteurs de la politique touristique de ce pays dormir sur leurs lauriers. Les Tunisiens restent prudents malgré leur force de vente, que représente un office de tourisme très dynamique et le recrutement des principaux tours opérateurs desservant la destination au sein du panel des leaders mondiaux. Ainsi, la Tunisie vient de mettre en place son plan d'urgence afin de pallier la non-visibilité qui caractérise le marché touristique européen. Il repose sur cinq axes. Le premier consiste en le renforcement du transport aérien international et domestique. Pour le réseau intérieur, il est question de le renforcer avec de nouvelles lignes telles que celles de Tunis-Tozeur et Tunis-Taberka. Le second concerne le renforcement du programme de mise à niveau du produit touristique en mettant l'accent sur le côté immatériel de l'offre et sur la qualité. Par côté immatériel, il faut entendre la partie soft de l'offre touristique. On s'attend à un gigantesque effort visant à donner âme à un concept déjà vieux de deux décennies, celui de “ne pas bronzer idiot”. Les mutations sociales dans les marchés traditionnels de la Tunisie font que le client potentiel est un touriste en quête de farniente mais aussi de découvertes à même de répondre à sa curiosité. Côté qualité, le troisième axe, les opérateurs tunisiens veulent s'adapter à la tendance mondiale qui se constate chez les tours opérateurs, eux-mêmes à l'écoute des besoins de leurs clients. Les infrastructures hôtelières, les prestations des agents de voyages et de toute la filière du réceptif sont, ainsi, appelées à opérer avec succès leur montée en gamme. Une tendance, dictée aussi, par la recherche de nouvelles niches telles que le tourisme de santé et du bien-être ou, encore, celui des congrès. Ce programme qu'on dit aussi ambitieux que l'ex-plan qualité 2000 touchera 200 opérateurs, ce qui se traduira sur le terrain par près de 90 000 lits concernés, soit le tiers des capacités d'accueil du pays. Cinq pistes pour rester dans le peloton des grands Dans le quatrième axe, on retrouve le renforcement des dispositifs de formation et de perfectionnement afin d'affecter de meilleures ressources humaines qui apporteront de la valeur ajoutée aux investissements dans les parties hard et soft de l'offre. Aujourd'hui, la Tunisie, malgré ses 273 000 lits, arrive à couvrir ses besoins en personnel qualifié et en cadres compétents pour faire tourner cette industrie. Un énorme pas en avant a été réalisé quand on sait qu'il y a encore 20 ans, les cadres supérieurs étaient formés à l'étrangers, y compris en Algérie. Enfin, dans le cinquième axe, on évoque la diversification du produit touristique en allant prospecter de nouvelles niches. L'objectif est d'être en perpétuelle écoute des besoins de la clientèle afin d'y répondre par des produits adaptés. De nouveaux produits, en plus du balnéaire, sont à trouver et à développer pour accompagner la nouvelle segmentation de la demande qui se fait. En plus du tourisme de santé et du bien-être, qui commence à produire ses effets positifs sur les comptes du secteur touristique et la notoriété de la destination, des actions sont menées pour la promotion des activités liées aux congrès et aux affaires, aux festivals artistiques et à la chose culturelle en général. Les richesses historiques et archéologiques de la région seront de plus en plus mises à profit. Ce redéploiement se fera tout en gardant, et même en rentabilisant davantage, les acquis actuels notamment ceux réalisés dans le tourisme balnéaire tout en incluant la donne environnementale dans la stratégie de son développement. L'Algérie, un marché à fidéliser davantage La campagne estivale 2007 est considérée par les professionnels tunisiens comme une année repère, voire spécifique. L'arrivée d'Algériens en Tunisie a presque doublé en atteignant le chiffre de 981 000 visiteurs.Du coup, les autorités en charge du tourisme se sont fixé, comme objectif pour 2008 de dépasser le seuil historique du million de touristes algériens. Elles ne pouvaient que mettre la dragée aussi haute car la logique de la croissance économique exige des objectifs tracés toujours supérieurs à ceux réalisés l'année précédente, sauf en cas de force majeure. Mourad KEZZAR