Elles sont des femmes divorcées, des mères célibataires ou, simplement, des personnes dépossédées d'un héritage. Elles sont nombreuses à avoir franchi le pas et pris contact avec le centre d'écoute SOS femmes en détresse pour solliciter un accompagnement. Ainsi, selon le bilan de ses activités depuis son ouverture en 2004 jusqu'au mois de décembre 2008, le centre d'écoute de l'association SOS Femmes en détresse dans la wilaya de Batna, a traité pas moins de 7 423 cas. C'est des femmes qui ont été victimes de différentes formes de violences allant de l'agression physique et psychologique à la dilapidation des droits financiers. Elles sont victimes d'un mari, d'un père, d'un frère, d'un simple inconnu ou même d'une autre femme. Le gros de ces cas est lié à la violence familiale et conjugale avec, respectivement, 1 912 et 1 745 cas successivement, viennent ensuite la violence dans la rue avec 1 411 cas et le harcèlement sexuel avec 1 204 cas. En ce qui concerne celles qui se sont retrouvées privées d'un droit financier, d'un héritage plus précisément, leur nombre qui n'est pas moins important avec 1 102 femmes qui se sont plaintes de cette injustice. Les femmes qui ont contacté ce centre d'écoute sont, globalement, issues de l'est et du sud du pays avec 181 sans domicile fixe. Elles sont souvent des femmes divorcées avec leurs enfants qui demandent à être transférées vers un centre ou une maison d'accueil dont Batna n'en dispose pas. La nouvelle maison de solidarité achevée depuis déjà un moment n'est toujours pas fonctionnelle. Par ailleurs, le centre n'a examiné que 18 cas de mères célibataires. Cela est loin de refléter le nombre réel de ces dernières qui “refusent de se fier à des étrangers par peur que leur secret ne soit divulgué”, dira la directrice du centre, Mlle Nedjma Saïda. Toujours à propos des mères célibataires, un autre problème vient d'être soulevé par l'association, celui de la prise en charge médicale de ces dernières. “On a des cas qui sont venus chez nous demander un refuge après qu'on eut refusé de les accueillir dans la maternité de Batna.” Pourtant, c'est connu, la maternité de Batna a toujours accueilli les mères célibataires durant leurs derniers mois de grossesse ; venues de Batna ou d'une autre wilaya, elles trouvent dans le service sociale un “refuge sûr” loin des regards des curieux et des inquisiteurs et où elle peuvent maître au monde leurs enfants dans la discrétion totale. Une façon d'être protégées elles et leurs nouveau-nés. Toutefois, selon certaines indiscrétions, cette structure est appelée à cesser de fonctionner d'ici la fin du mois. “Si cela s'avère vrai et que le service sera fermé, où vont aller ces femmes pour mener à terme leur grossesse ?” s'indigne la directrice du centre d'écoute. “Certaines vont sans doute se faire avorter s'exposant ainsi au danger de mort, ou même commettre un infanticide et assassiner le nouveau-né pour éviter la honte”, avertira, encore, Saïda. “On n'encourage pas la débauche, mais le fait est là, elles sont déjà enceintes, on ne peut plus rien faire. Et les jeter à la rue n'est pas une solution à mon avis, c'est ainsi qu'on encourage la débauche et les crimes d'avortement et d'infanticide, surtout ce dernier, puisque pour nous ce qui nous importe c'est le bébé qu'on doit protéger parce que lui il n'a pas commis de forfait”, conclut le directrice. Selon des sources proches de la maternité de Batna, la décision, qui n'est toujours pas officielle, a été prise par les responsables de l'hôpital pour alléger un peu l'encombrement dont ce dernier souffre, “il n'arrive plus à contenir le flux des mères qui ont accouché et qui viennent de Batna et des wilayas voisines”, nous dit-on. Pour sa part, l'association a tenu à préciser que “les 8 lits que contient le service social ne vont jamais résoudre le problème de la maternité qui a une capacité d'accueil qui date des années 1980”. F. Lamia