C'est ce qui ressort du colloque maghrébin organisé ce week-end par l'association SOS Femmes en détresse à l'hôtel El-Aurassi. Lors de ce colloque devrait être présenté un livre résumant l'expérience des Centres d'écoutes juridique et psychologique (Cejp) de Tunis, Casablanca et Alger qui existent depuis 1995. Ces centres travaillent quasiment de la même manière en mettant des numéros de téléphone à la disposition des femmes désireuses de se plaindre des violences, injustices et abus dont elles sont victimes. La mal vie des femmes maghrébines concerne même celle de Tunisie, un pays qui dispose pourtant d'un arsenal juridique très important en faveur des femmes, comme l'affirmera Mme Bochra Belhadj H'mida, responsable d'une association féminine et une des responsables du Cejp de Tunis. Selon elle, «les femmes battues par leur mari est en augmentation» Elle citera quelques cas de femmes harcelées sur leur lieu de travail et qui ont vu leur plainte se retourner contre elles. Chez nous, la situation n'est guère meilleure. En 2002, le Centre d'écoute juridique et psychologique de SOS Femmes en détresse a reçu plus de 10.000 appels de femmes maltraitées. Isma Menacer, psychologue du Cejp d'Alger, dira que sur les 10.000 appels reçus, 56% émanent de femmes ayant eu à subir des violences conjugales d'où la difficulté de celles-ci à déposer plainte. Peut-on déposer plainte contre le père de ses enfants? La souffrance des femmes ne se limite pas aux douleurs des coups qu'elles subissent mais aussi, et surtout, à la maltraitance de leurs enfants par leur propre père. Latifa Belarouci, une autre psychologue, évoquera quelques cas qui donnent un aperçu de l'horreur dont sont capables certains hommes. Un cas parmi tant d'autres : une femme découvre que son mari est pédophile et que sa victime n'est autre que son propre petit garçon. Elle dépose plainte et demande le divorce. Après un long combat juridique, cette mère obtient le divorce. Mais ce n'est pas pour autant que l'enfant est sauvé. Son père obtient le droit de visite et chaque fois que l'enfant retrouve son père, il subit les mêmes sévices. Comment soustraire l'enfant à cette bestialité contre nature? Il semble que ces cas sont nombreux et qu'ils sont étouffés. Par qui? Jusqu'à quand et dans quel but? A quand des procès et des châtiments exemplaires? Jusqu'à quand les monstres agiront-ils en toute impunité?