1iére partie Facile de le dire. Tu seras un homme. Mais pour l'être, la tâche est ardue. Rudyard Kipling disait dans ses vers : “Si tu peux voir détruire L'ouvrage de ta vie Et sans un mot te mettre à rebâtir Si tu peux perdre le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir… ” Etre un homme, un vrai, en somme, n'est pas permis à tout le monde et pas non plus à n'importe qui. Être un homme, c'est savoir braver le danger, avoir de la personnalité, et surtout savoir quoi faire dans des situations qui peuvent s'avérer insurmontables. Mais chacun voit les choses à sa manière. Être homme peut signifier pour certains, gagner de l'argent, beaucoup d'argent et par n'importe quel moyen. Être riche et puissant, et se faire respecter pour ce qu'on a, mais pas pour ce qu'on est. Pour d'autres, être homme cela pourrait signifier la domination, le pouvoir, et pour y arriver, il faut emprunter les chemins scabreux de l'existence. Pour d'autres aussi, être homme, c'est avoir une belle moustache ou une barbe, et montrer au grand jour sa virilité. Mon grand père lui a simplement épousé sept femmes. De son temps, avoir autant de femmes, signifiait la puissance, puisque cela supposait aussi une famille nombreuse et une descendance male prédominante. La progéniture mâle assure un avenir et donne le pouvoir. Il était grand de taille, assez corpulent, le visage franc, le sourire facile, mais audacieux et arrogant à souhait. C'était quelqu‘un qui n'aimait point être contredit et savait par trois coups de canne bien appliqués se faire respecter par les siens. Il était aisé, pour ne pas dire riche. Car la richesse en son temps se résumait à des lots de terrains qui s'étendaient à perte de vue, et dont il savait en tirer profit. Il faisait travailler toute la main d'œuvre disponible dans la région et donnait des instructions fermes et rigides du lever du jour à son coucher. Pas de répit pour tout ce monde, qui suçait son suc, et faisait perler la transpiration sur son front. Mais il était généreux. Tellement généreux, que parfois, il offrait son propre dîner à un mendiant de passage, ainsi qu'un gîte pour la nuit. C'était de ce fait, un homme qu'on respectait plutôt pour ses gestes humanitaires que pour son caractère acariâtre. Il trottait toute la journée sur ses longues jambes, et donnait ses instructions à tout bout de champ. Gare à celui qui se retrouve sur son chemin à l'heure où le reste de la tribut est aux champs. Mais depuis que ses enfants ont grandi, et que les aînés commençaient à prendre les choses en main, il pouvait se permettre quelques heures de repos, et une sieste bien méritée. C'est qu'ils sont 40 enfants à vivre sous le même toit que lui sans compte les belles filles et les gendres. Et toute cette smala se réuni autour de lui chaque soir que dieu fait, pour un dîner bien mérité. Filles et garçons mangeaient à la même table, et gardaient un silence sacré, qui n'est interrompu le plus souvent que par les cliquetis des cuillères. Par contre, ses 7 femmes, après avoir dresser la table et procéder au service, se retiraient dans l'espace cuisine, où enfin elles pouvaient se permettre de manger à satiété, avant de se retirer chacune dans sa chambre. C'est les filles qui devaient nettoyer la salle à manger, la cuisine, et laver la vaisselle. Mon grand père en avait une bonne dizaines, les unes plus belles que les autres. Les cinq premières étaient déjà mariées, mais comme il y'avait de l'espace pour tous, elles sont revenues vivre avec mari et progéniture sous le toit parental. Cela faisait un nombre effarant de bouches à nourrir, mais mon grand père, en vieux patriarche avisé, n'en avait cure. Dieu lui a donnait de quoi subvenir aux besoins de tout le village. Les belles filles, comme les femmes du grand père se retirent dans leurs chambres avec leur progéniture juste après le dîner, mais revenaient se rasseoir plus tard autour des grandes tables basses pour la veillée, toutefois si “le vieux” n'est pas trop fatigué pour “présider” la réunion. Sinon, un silence total s'abattait sur la maison, et chacun occupe son temps à sa manière. Le patriarche doit se reposer gare à celui qui ose le déranger. Y. H.