D'abord, permettez-moi de vous adresser nos félicitations pour la louable initiative qu'a prise votre journal en programmant une enquête fouillée et exhaustive, qui s'est appuyée sur un sondage d'opinions à travers des questions pertinentes pour essayer de cerner, avant de l'expliquer, le phénomène de la violence dans les stades. Cela constituera sans nul doute un instrument de travail pour toutes les institutions concernées par le sort de notre jeunesse. Pour notre part, nous vous remercions de nous donner là, l'occasion de donner notre point de vue sur les questions qui relèvent du domaine d'action de la fédération. Cent vingt et un, virgule deux pour cent des sondés imputent au mauvais arbitrage le comportement violent et agressif des jeunes lors des rencontres de football, c'est là un chiffre important et le rôle de la fédération est de le réduire drastiquement. Elle a anticipé votre sondage et a pris, depuis son installation, une série de mesures envers les arbitres, les joueurs et dirigeants. C'est ainsi que la Commission centrale d'arbitrage a organisé un séminaire important au cours duquel de nouvelles règles ont été édictées. Entre autre innovation, tous les matches de la division 1 seront visionnés par la commission d'arbitrage qui appréciera la prestation de l'arbitre et sanctionnera, s'il y a lieu, l'arbitre fautif. Par ailleurs, la fédération va veiller à la protection de l'arbitre en augmentant de manière significative les sanctions des joueurs et des clubs prévues par le code disciplinaire et qui concernent les tentatives d'agression et les agressions contre les officiels, notamment les arbitres. Ces sanctions pourront aller jusqu'à la radiation à vie. L'une des premières réunions du bureau fédéral a été d'amender les articles des règlements généraux et du code disciplinaire traitant de ces questions. - Par ailleurs, 46,8% des sondés estiment incorrect le comportement des arbitres dans la façon de diriger certaines rencontres. C'est là un chiffre exagéré qui est surtout le fait de supporters inconditionnels et qui voient en l'arbitre le bouc émissaire idéal pour expliquer la défaite de leur club, ils omettent les autres paramètres qui peuvent intervenir dans une défaite comme une mauvaise préparation physique ou l'incompétence technique qui sont peu ou pas évoquées. - 62,6% des personnes interrogées pour le sondage pensent que les instances de football (fédération, ligues…) favorisent certaines équipes par rapport à d'autres. On ne peut qu'être abasourdi par l'énormité du chiffre et celle de l'accusation. La fédération et les ligues sont composées de personnes, seulement mues par leur amour du football et qui remplissent leur mission de la meilleure manière qui soit. Cela étant dit, s'il s'avérait qu'un dirigeant soit pris en faute, la fédération a pris des dispositions qui lui permettront de sanctionner tout dépassement. - Sur la question relative à la presse, 48,1%, soit près de la moitié des sondés, pensent que la presse sportive incite à la violence par la publication d'articles subversifs. Notre sentiment est que la profusion de titres (près de 80 entre quotidiens, revues et magazines) a entraîné une forte concurrence. Le manque de formation de certains journalistes s'ajoute à la recherche du scoop sensationnel pour fidéliser le lectorat. Et créer ainsi une première qui mène parfois aux dérapages. Pour notre part, nous nous efforçons de mettre les médias dans les meilleures conditions pour l'accomplissement de leur travail. Nous souhaitons qu'ils s'engagent à réduire la violence dans les stades en faisant la promotion du fair-play et en sensibilisant la jeunesse sur les méfaits de la violence. C'est un rôle qu'elle a le devoir de tenir. Ces actions de sensibilisation de la presse, conjuguées aux mesures draconiennes prises par la Fédération algérienne de football devraient aider à juguler ce fléau et à terme l'éradiquer. - Contrairement aux 65,5% des sondés qui affirment que le huis clos n'est pas une solution pour la réduction de la violence, nous estimons, pour notre part, que cette pénalité extrême constitue la réponse idoine aux fauteurs de troubles. Un vrai supporter se déplace au stade pour encourager son équipe et non pour y commettre des violences gratuites envers les acteurs du football et saccager son environnement. - Concernant les infrastructures, un recensement a fait apparaître des insuffisances notoires par rapport à la réglementation régissant l'homologation des terrains de football. À ce sujet, la fédération en étroite collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, procédera au recensement de tous les manques par une commission nationale de football qui sera installée sous peu, pour en finalité permettre l'amélioration des conditions d'organisation des compétitions de football à l'échelle nationale. - Quant aux autres raisons qui conduisent les jeunes à la violence dans les stades, elles concernent l'ensemble du corps social. De la cellule familiale en passant par l'école, l'éducation constitue le premier rempart à ce fléau. Toutes les institutions concernées par la jeunesse doivent jouer un rôle de premier plan. En dehors du football, d'autres activités ludiques devraient être proposées à nos jeunes dans le but de les distraire mais aussi de les former. La Fédération algérienne de football pour sa part travaillera sans relâche avec tous les acteurs du football et toutes les institutions concernées pour juguler et enfin éradiquer ce fléau qui a pris des proportions inadmissibles et constitue un vrai danger pour notre jeunesse. Cela est l'affaire de tous. M. R. (*) Président de la Fédération algérienne de football