L'institution d'analyse de la situation socio-économique du pays veut se pencher sur tous les aspects de la crise nationale. A la prochaine session du Conseil économique et social (Cnes), la 22e, on ne débattra pas seulement de l'évolution économique et sociale du pays. Les résultats, en termes de coûts sociaux et de fléaux en tous genres de la politique économique des pouvoirs publics, seront pour une fois, passés au crible des discussions. En effet, bien que la date de la prochaine session du Cnes n'ait pas encore été rendue publique, cette institution d'analyse et de prévision de l'évolution de la situation économique du pays, s'est d'ores et déjà, autosaisie, à travers sa commission Population et besoins sociaux, du dossier de la délinquance juvénile qu'elle compte soumettre à débat dès sa séance plénière. Selon un communiqué rendu public par cette institution, cette initiative du Cnes se veut le prolongement logique des travaux consacrés à l'enfance, à la jeunesse et d'une manière générale à la famille et a pour priorité la protection de la jeunesse eu égard aux mutations socio-économiques considérables qu'a vécues la société algérienne ces dix dernières années. Sur fond des ravages induits par le terrorisme qui se sont traduits d'une manière ou d'une autre par un impact singulier sur la santé, le bien-être, le développement et l'insertion des jeunes dans la société, «la protection de la jeunesse demeure une préoccupation essentielle pour le pays, dont il convient de cerner avec sérénité les déterminants et les dimensions», est-il mentionné dans le communiqué. Concrètement, cela veut dire que l'examen du dispositif de prise en charge de ce fléau permettra, d'après les appréciations de cette institution, d'évaluer l'efficacité et la pertinence, au vu des actions de prévention, de rééducation et de réinsertion sociale des jeunes délinquants. En fait, le Cnes vise, à travers la prise en charge de ce dossier, à attirer l'attention autant des autorités que de la société sur les dangers réels et potentiels qui guettent la frange la plus jeune de la société. Il faut rappeler à ce propos que le président en personne de cet organisme, M.Mohamed Salah Mentouri, avait déjà invité, au siège de son département, l'ensemble des représentants d'organismes et d'institutions concernés, aux auditions sur le sujet qui se sont déroulées les 1er, 2, 11 et 15 mars dernier. En plus d'avoir contribué à l'élaboration progressive de ce dossier et, de ce fait, de mieux cerner le problème dans ses différentes dimensions, ces auditions ont également permis d'observer de près la gravité de l'évolution de ce phénomène et de constater le manque de coordination entre les différentes institutions qui s'intéressent de près ou de loin à l'étude de ce problème de société. En somme, l'inscription de ce dossier à l'ordre du jour de la prochaine session du Cnes se veut d'abord comme une opportunité idéale pour ouvrir un débat de société sur la délinquance juvénile et ses conséquences qui ne cessent de prendre de l'ampleur et dans le même temps une interpellation des citoyens et des institutions pour la prise en charge réelle du phénomène. Cela entre parfaitement dans la mission et les attributions de cette institution censée surveiller toutes les dérives émanant des politiques suivies par les pouvoirs publics et toutes les déviations constatées dans le corps social. Mais attendons les recommandations qui seront faites sur le dossier lors de la future session du Cnes pour pouvoir juger de leur pertinence et de leur efficacité à juguler le phénomène.