Allant à contre-courant de la position de l'Union africaine, dont il est le président, le leader libyen Mouammar El-Kadhafi s'est déclaré opposé à des sanctions contre la Mauritanie, provoquant la colère du front des anti-putsch, qui l'ont jugé trop favorable à la junte militaire au pouvoir du général Mohamed Ould-Abdelaziz. Contre toute attente, le chef de l'Etat libyen et président de l'Union africaine (UA), Mouammar El-Kadhafi, a affirmé jeudi à Nouakchott que le dossier des sanctions contre la Mauritanie était “clos”, mais a été vivement critiqué par le front anti-putsch qui le juge trop favorable à la junte au pouvoir. Dans le cadre de sa médiation pour régler cette crise mauritanienne, Kadhafi a pris des positions contestées concernant la situation née du coup d'Etat du 6 août dernier, qui avait renversé le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Si elles sont confirmées par les responsables de l'UA à Addis-Abeba, elles souligneraient un changement radical de l'organisation panafricaine envers les putschistes. “Je me suis assuré que les autorités militaires (junte) sont déterminées à organiser des élections présidentielles le 6 juin, ce dossier (des sanctions de l'UA) est désormais clos”, a déclaré M. Kadhafi à la presse, avant son départ de Nouakchott. Il a expliqué que “le problème est terminé, le dossier clos, parce que ce qui est recherché c'est le retour à la vie civile”. Pour rappel, ce putsch, qui avait renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait été vivement condamné par la communauté internationale. Le 5 février, l'UA avait décidé de prendre des sanctions ciblées contre les membres civils et militaires de la junte, comprenant notamment “une prohibition des déplacements des membres civils et militaires de la junte, le refus systématique des visas, le contrôle des comptes bancaires”. La veille, le nouveau président de l'UA avait appelé le pays à “regarder devant, vers la Mauritanie nouvelle qui naîtra après le 6 juin”, date du scrutin présidentiel organisé par la junte, estimant que “ce qui est fini est fini” dans une allusion au coup d'Etat. Réagissant aux déclarations de Kadhafi, le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), opposé au putsch et qui soutient Ould Cheikh Abdallahi comme seul président légitime, a vivement critiqué cette prise de position. “Nous ne pourrons jamais prendre part à une médiation sous l'autorité de la Libye tant que les Libyens n'auront pas changé d'attitude et cessé de chercher à nous faire accepter le fait accompli putschiste”, a affirmé jeudi le porte-parole du front lors d'une conférence de presse. Le responsable du FNDD Mohamed Ould Moloud, soulignera que Kadhafi “sort du mandat de médiateur et rend impossible de poursuivre les négociations dans ces conditions”. Un autre communiqué du front précisera que “les déclarations du président Kadhafi prenant fait et cause pour la junte militaire putschiste constituent une atteinte fondamentale à son rôle de médiateur et une violation des directives de la communauté internationale”. Ceci étant, avant de quitter la Mauritanie pour la Guinée-Bissau, le dirigeant libyen a rencontré le président de l'Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir, opposé au putsch, pour “adoucir le climat”, selon un responsable du front. Celui-ci dira que “Kadhafi a affirmé qu'il voulait exprimer la volonté de tous d'aller vers des élections comme solution à la crise, sa date restant à déterminer par les Mauritaniens eux-mêmes”. Merzak T. /Agences