On dénombre plus de 27 000 sociétés d'importation inscrites au RC, dont 1 500 étrangères, face à un nombre de loin moins important d'exportateurs dont le chiffre exact n'est pas maîtrisé sauf que Anexal déclare enregistrer 120 adhérents pour environ 200 exportateurs réels, c'est dire la vocation plutôt importatrice de l'économie algérienne (en hors hydrocarbures). Pourtant les grands axes de la politique économique de notre pays montrent à l'évidence les grandes préoccupations tout à fait justes des pouvoirs publics sur le volet exportation et qui sont exprimées régulièrement à diverses occasions. La situation la plus récurrente que nous vivons régulièrement reste la manière de traiter ce problème d'exportation hors hydrocarbures. en effet, à chaque fois que le prix du pétrole fluctue, la réaction de tous est immédiate, soit on occulte les exportations hors hydrocarbures, soit on rappelle que les exportations hors hydrocarbures sont la seule solution salutaire pour sauver notre économie. Peut-on parler valablement des exportations hors hydrocarbures lorsque le volume exporté stagne depuis des années autour de 2% des exportations globales de l'Algérie. À partir de ce constat de chiffres validés par le Cnis, quel bilan peut-on tirer objectivement de toutes les actions lancées par les institutions chargées de promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Des dispositifs ont été mis en place et des actions importantes ont été engagées par les pouvoirs publics, il s'agit pour l'essentiel de : - l'élaboration et la mise en place d'un guide des exportateurs réalisé par la SFI, la Banque mondiale en collaboration avec l'Anexal ; - la mise en place d'un fonds de développement pour soutenir l'exportation hors hydrocarbures ; - la mise en place d'un fonds de soutien avec un budget conséquent pour prendre en charge une partie des charges induites par l'acte d'exportation IFSPE ; - la mise en place d'un organisme Optimexport chargé de former les exportateurs. Toutes ces mesures d'une grande portée n'ont pas eu d'effets attendus sur le niveau des exportations hors hydrocarbures. L'association des exportateurs, constituée de chefs d'entreprise engagés, de managers et d'experts, née depuis quelques années, semble s'essouffler ; elle perd de son enthousiasme pour diverses raisons évoquées par ses responsables, selon la déclaration de son président. “Il est lamentable de parler de chiffres aussi bas d'exportation hors hydrocarbures pour un pays qui recèle d'énormes potentialités et beaucoup de richesses naturelles, les exportations hors hydrocarbures doivent faire l'objet de stratégie d'Etat”. Et d'ajouter : “Il y a un gros problème à surmonter, il s'agit d'absence de culture entrepreneuriale chez nos chefs d'entreprise et les PME algériennes sont trop jeunes pour affronter le marché extérieur qui est de plus en plus difficile.” Selon le DG d'Algex, intervenant lors d'un point de presse, “la stagnation des exportations hors hydrocarbures est dans la même logique depuis 30 ans, ces exportations évoluent autour de 2% des exportations globales et sont en plus peu diversifiées”. Il notera que “la mise en place de dispositif de promotion et d'accompagnement des exportateurs n'ont pas eu des effets escomptés”. Les organes d'accompagnement, tels que la Cagex, ne semblent pas jouer le rôle attendu de soutien et d'encouragement pour conquérir des nouveaux marchés : la Cagex, à l'image de la Coface, devrait contribuer à encourager les primo-exportateurs à prendre des risques pour pénétrer des marchés extérieurs, le rôle joué jusqu'à présent correspond à une simple caisse d'assurance dans une approche purement commerciale. Un large programme de mise à niveau des entreprises potentiellement exportatrices n'a pas obtenu les résultats attendus, il devrait être revisité pour mieux l'adapter aux besoins réels de la société et au produit pour le rendre plus attractif, conforme et exportable. La formation des managers et des exportateurs potentiels est encore insuffisante, le mode et le contenu du programme de Optimexport devraient, à notre avis, être revus pour mieux répondre aux besoins réels des intervenants ; la théorie de Kotler et Dubois est utile, mais inappropriée pour les managers des PME que nous rencontrons. Il ne faut pas perdre de vue également que les exportations hors hydrocarbures, selon le Cnis, sont constituées principalement de produits parachimiques dont des dérives d'hydrocarbures ; l'Algérie exporte également une quantité dérisoire de produits sidérurgiques essentiellement des déchets ferreux et non ferreux. Les chiffres officiels, divulgués par Algex en 2008, sont édifiants pour illustrer l'incapacité de l'Algérie à placer ses produits sur le marché international et pourtant, la datte, la crevette, l'huile d'olive pour ne citer que ceux-là sont prisés sur le marché mondial. En conclusion, il est temps de faire la part des choses et de penser enfin à une stratégie nationale des exportations hors hydrocarbures à l'image de la stratégie industrielle qui reste encore imparfaite, mais qui a le mérite d'être lancée par ses auteurs sur le paysage économique du pays. Il s'agit d'une prise en charge salutaire d'un dossier qui est déterré à chaque fois qu'il y a crise économique liée à la baisse des revenus pétroliers.