“Je transmets une lettre officielle de l'émir du Qatar invitant le président Omar el-Bechir à participer à deux sommets à la fin du mois de mars à Doha : le sommet arabe et le sommet arabe-amérique latine”, a déclaré l'envoyé spécial qatari, à l'issue de sa visite à Khartoum. Réagissant à cette annonce, la Cour pénale internationale (CPI) a dit compter sur la coopération du Qatar pour arrêter le président soudanais ! Mais le Qatar n'est pas un Etat-partie au Statut de Rome, texte fondateur de la CPI et peut ne pas se sentir enchaîné par la résolution du Conseil de sécurité qui demande instamment à tous les Etats de coopérer avec la Cour. Le Qatar pourra toujours évoquer le deux poids, deux mesures dans ces affaires de justice et de légalité internationales. La CPI a émis le 4 mars un mandat d'arrêt contre le président Bechir pour “crimes de guerre et crimes contre l'humanité” au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à un conflit complexe à l'origine de 300 000 morts ,selon l'ONU, mais de 10 000, selon Khartoum. Il s'agira donc de la première visite officielle du président soudanais à l'étranger depuis le mandat d'arrêt de la CPI, à moins d'un déplacement dans un autre pays d'ici-là. Khartoum a catégoriquement rejeté le mandat d'arrêt, affirmant que le Soudan n'est pas membre de la Cour et que celle-ci n'avait pas de compétence au Soudan. Accusées d'avoir collaboré avec la CPI, treize ONG ont été sommées par Khartoum de quitter le Soudan. Pour le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, Omar el-Bechir n'a plus d'immunité et dès qu'il voyagera dans l'espace international, il pourra être arrêté. Seulement, la CPI ne dispose d'aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l'exécution des mandats d'arrêt.