Elle est mise en demeure de développer une nouvelle culture managériale et d'adapter son mode de fonctionnement et d'organisation aux exigences de son environnement. En Algérie, la situation des petites et moyennes entreprises n'est pas brillante. Sous encadrées et peu organisées, elles ont du mal à mettre en place des formes de management offensif. Confrontées à un environnement de plus en plus complexe, ces entreprises devraient être plus performantes en matière d'organisation, de maîtrise des coûts, de qualité des produits, de capacités de créativité et d'innovation pour faire face à la rapidité des changements. C'est dans ce cadre que le dynamique Centre de recherche en économie appliquée pour le développement a organisé un colloque international, ouvert, hier, à l'hôtel Hilton, axé sur la problématique de gouvernance et du développement de la petite et moyenne entreprise en Algérie. La question est d'autant importante que l'Algérie peine à sortir des réflexes hérités de 30 ans d'économie dirigiste. Bouyakoub Ahmed, chercheur au Cread, dans sa communication, affirme que “les mécanismes globaux de la gouvernance ne sont pas adéquats”. La qualité de la gouvernance des entreprises d'un pays dépend de la qualité du système de gouvernance institutionnelle qui prévaut dans ce pays. Il ne peut pas y avoir de bonne gouvernance à un niveau microéconomique sans une bonne gouvernance à un niveau macroéconomique. D'aucuns estiment que les instruments d'une économie du marché sont soit inexistants, soit embryonnaires. Pourtant, l'économie algérienne est quasiment privatisée, sans que les entreprises publiques le soient. Le secteur privé participe à hauteur de 80% dans la création de la valeur ajoutée. Il représente plus de 50% de la production intérieure brut. Mais, ce secteur privé ne fonctionne pas normalement. À quelques exceptions, la majorité des petites et moyennes entreprises est organisée en Eurl, de type familiale. Pour Bouyakoub Ahmed, les petites et moyennes entreprises sont insaisissables statistiquement, économiquement et sociologiquement. Preuve en est, les statistiques varient selon les sources. Selon lui, sur une enquête qui a touché plus de 800 PME, 20% ont disparu ou bien changé d'adresse et d'activité. Une autre étude a relevé que les petites et moyennes entreprises sont caractérisées par l'informel. Sur 7 600 PME, 41% des salariés ne sont pas déclarés. Ce constat est intimement lié à l'environnement général de l'entreprise et aux espaces de rente qui existent toujours dans l'économie algérienne. En tout état de cause, la situation à laquelle sera confrontée l'Algérie dans un contexte de libéralisation des échanges (entrée en vigueur de la zone de libre échange et adhésion prochaine à l'OMC) rendra encore la situation du secteur problématique. Du coup, un système d'information et de guidage s'impose afin de mieux cerner le secteur et de faciliter son développement. En outre, la PME algérienne est mise en demeure de développer une nouvelle culture managériale et d'adapter son mode de fonctionnement et d'organisation aux exigences de son environnement. Le colloque international sur la gouvernance débattra, durant trois jours, la question centrale des capacités managériales des dirigeants des petites et moyennes entreprises dans la prise de risque, des liens de l'entreprise avec son environnement, avec sa banque, de la relation entre entreprise et salariés. M. R.