Entrepreneurs, opérateurs et agriculteurs se sont réunis en ce début de semaine pour faire le point sur les opportunités que présentent leur région et les contraintes qui minent le développement durable. À l'occasion de la Journée mondiale de l'arbre, les entrepreneurs, opérateurs et agriculteurs des daïras de Maghnia et de Béni Boussaïd se sont rassemblés en conclave sous la houlette des responsables de wilaya de la CGEOA et de l'UFIA afin de débattre des nombreux problèmes et contraintes qui continuent de miner de nombreux créneaux porteurs de projets de développement durable dans la région, tels que, entre autres, l'agriculture, l'oléiculture, l'hôtellerie et le tourisme thermal Cette rencontre-débat, la première du genre, a réuni plus d'une soixantaine de participants ainsi que la presse locale et Radio Tlemcen. Le débat, qui s'est déroulé au siège de l'ancienne bibliothèque de la ville autour d'un petit buffet préparé à l'occasion, a été ponctué par de nombreuses interventions et s'est révélé riche et fructueux à plus d'un titre en ce sens où une plateforme de travail élaborée par le président du comité de wilaya de la CGEA, M. Abdelmalek, et dans laquelle de nombreuses potentialités et opportunités de la région, notamment dans les secteurs de l'agroalimentaire, l'oléiculture, l'agriculture, le bâtiment, l'hôtellerie et le tourisme thermal ont été mises en exergue. Prenant la parole, M. Abdelmalek abordera d'emblée les premières grandes lignes du plan d'action de leur comité dans ces divers secteurs. “Nous avons déjà établi de nombreux contacts avec des investisseurs étrangers et notamment arabes qui nous ont déclaré être vivement intéressés par l'investissement au niveau de la bande frontalière algéro-marocaine, en particulier à Maghnia qui recèle de nombreux atouts pour un développement prospère et durable dans les secteurs précités.” Il citera, entre autres atouts, le périmètre irrigué de la riche et fertile plaine de Maghnia créé en 1970 sur plus de 5 200 ha qui se prolonge au Maroc sous le nom de plaine des Angads, une belle réussite technique mais qui souffre cruellement d'insuffisance en eau, déplorera-t-il. La région est réputée pour sa production de pomme de terre, fera remarquer le représentant de la CGEOA aux associations agricoles présentes. La ville de Maghnia, de par sa situation géographique, poursuivra celui-ci, est d'un intérêt considérable pour les touristes d'Algérie et du Maroc souhaitant traverser les frontières. Tout près de la ville se trouvent deux stations thermales qui ne demandent qu'à être revalorisées. La première, celle de Hammam Boughrara, est située sur d'anciennes thermes romaines au milieu d'une véritable oasis de verdure. Ses eaux sulfureuses bicarbonatées et très sodiques sont très réputées pour leurs vertus curatives dans les maladies de la peau. La seconde, celle de Hammam Chiguer, dont les propriétés curatives sont connues depuis des temps immémoriaux, n'est pas seulement réputée pour ses eaux chaudes sulfureuses mais également et surtout comme étant également le site d'un emplacement humain datant de millions d'années. Ce sont des historiens et chercheurs qui ont précisé l'endroit de ce site préhistorique suite à la découverte d'éléments d'une riche industrie néolithique (pointes de flèches, silex, galets). Un site qui n'a pas encore livré tous ses secrets. La mémoire de ce site porté à l'inventaire international des sites préhistoriques classés et protégés offre un aspect étonnant avec ses falaises abruptes sculptées par l'eau chaude qui y a coulé des siècles durant en laissant ses traces. Ce site est traversé par l'oued Mouillah qui recèle dans ses flancs de nombreuses grottes préhistoriques dont certaines n'ont pas été à ce jour explorées. Malheureusement, livré à lui-même, ce site est actuellement dans un triste état de désolation. Le manque d'entretien a souvent conduit à la fermeture de ses bains en raison de l'existence de décharges périphériques non contrôlées. De nombreux projets d'aménagement peuvent y être envisageables, fera remarquer à l'assistance M. Abdelmalek. De nombreux participants promoteurs et opérateurs et même fellahs de leur état, lors de leurs nombreuses interventions, mettront l'accent sur le carnage à ciel ouvert perpétré au vu et su de tous sur les terres agricoles relevant du périmètre irrigué de Maghnia qui s'amenuise de jour en jour sous l'œil vigilant de l'administration locale, ironiseront certains fellahs. D'autres intervenants soulèveront plusieurs autres problèmes tout aussi récurrents, comme ceux de l'absence de zone d'activité et de marché de gros, un lourd handicap pour les opérateurs désireux d'investir dans la région. Avant la clôture du débat, le président du comité de wilaya de l'UFIA, M. Bouhassoune, prendra la parole pour s'adresser à l'assistance en disant : “Le temps des vaches grasses est révolu, nous devons rester vigilants pour préserver nos acquis. Notre région possède d'énormes potentialités qui ne demandent qu'à être exploitées. Nous ne devons pas seulement nous focaliser sur le secteur de l'agriculture, il existe d'autres créneaux tout aussi intéressants tels que le tourisme. Notre région recèle un important patrimoine qui remonte à des millions d'années. Nous ne pouvons pas envisager une quelconque stratégie sans faire référence à sa "durabilité". Nous devons aussi en tant qu'acteurs dans la remise à niveau du pays nous interroger sur la place et le rôle que nous devons donner au tourisme dans notre région et dans le développement durable. Est-ce que nous sommes capables de créer un tourisme soucieux de respecter l'environnement et qui répond aux besoins des loisirs humains tout en protégeant et en conservant les milieux d'accueil, à l'instar du Maroc et en particulier l'oriental. Pour ma part, je suis prêt à relever le défi.” Au terme du débat, le président de wilaya de la CGEOA fera savoir que des démarches sont actuellement en cours en vue de la préparation d'une prochaine rencontre entre un groupe saoudien spécialisé dans les secteurs de l'agriculture et du tourisme thermal et les opérateurs et fellahs de la région. Cette rencontre, qui s'effectuera sous l'égide de la CGEOA, portera essentiellement sur les secteurs de l'agriculture, l'oléiculture et le tourisme thermal. ALIMOUSSA JAMAL