Depuis que le président américain Barack Obama a dévoilé les grandes lignes de sa nouvelle stratégie et à deux jours de l'ouverture de la conférence internationale sur l'Afghanistan, les évènements ont tendance à s'accélérer et la pression exercée par les talibans à s'amplifier. En vue de donner ses chances à un dialogue inévitable avec certaines franges des talibans, le président afghan Hamid Karzaï a demandé à l'Organisation des nations unies de rayer de sa liste noire les noms de certains chefs talibans non affiliés à Al Qaïda. M. Karzaï a ainsi confirmé son plein accord avec la nouvelle stratégie exposée par la Maison-Blanche, y compris une éventuelle réconciliation avec certains des insurgés. Ladite liste noire comprend les noms de 142 personnes liés aux talibans et 254 personnes impliquées avec Al-Qaïda. Il a justifié sa demande par le fait que si l'on parle d'un processus de paix avec les talibans, il faut aussi créer l'environnement propice à ce processus. “Un environnement adéquat signifie en premier lieu examiner la liste entre les mains des Nations unies et en extraire les noms de ceux qui ne font pas partie d'Al-Qaïda ni des réseaux terroristes”, a-t-il indiqué. Interrogé sur le cas de l'ancien numéro un du régime taliban, Mullah Omar, le président afghan a refusé de donner le moindre nom pour l'instant. Une offre d'amnistie et de dialogue a déjà été faite par le passé à Mullah Omar, à condition qu'il accepte le régime installé à Kaboul après la chute des talibans et qu'il cesse les combats, mais il l'a rejetée et a écarté toute idée de discussion tant que les 75 000 hommes des troupes étrangères sont encore sur le sol afghan. Dans le même ordre d'idées et s'inscrivant dans le cadre d'une nouvelle stratégie concertée et coordonnée, telle que l'a voulue Barack Obama, l'envoi de gendarmes européens en Afghanistan se confirme. La France, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et la Roumanie participent actuellement à la Force européenne de gendarmerie (FGE) créée en 2004. La France s'est déjà engagée pour l'envoi de 150 gendarmes et l'Italie a promis 160 carabiniers. Mais le cadre dans lequel serait déployée cette force de gendarmerie reste encore flou et des discussions sont en cours entre les pays concernés de l'Europe du Sud. La conférence internationale sera l'occasion d'en parler avec le partenaire américain. Les gendarmes européens auront principalement une mission de formation et d'encadrement des forces afghanes de sécurité. Dans le même temps, à La Haye, les Européens devraient annoncer une augmentation substantielle de l'aide octroyée à l'Afghanistan et estimée à 1,4 milliard d'euros depuis l'offensive des forces occidentales en 2001. Ces changements d'approche et d'attitude sont intervenus après que des spécialistes et des militaires de haut rang connaissant bien le chaudron afghan ont convaincu le président américain qu'une victoire purement militaire était impossible. C'est parti de cette idée que, tout en décidant l'envoi de renforts conséquents, Obama a développé les contours d'une nouvelle stratégie qui conjugue l'intervention militaire à une politique globale d'accompagnement qui permette aux autorités afghane de prendre, à terme, le destin du pays en main. La conférence internationale qui s'ouvrira demain aura pour objectif premier de faire entériner le plan américain par la communauté internationale que le locataire de la Maison-Blanche entend mettre à contribution.