La conférence internationale sur l'Afghanistan, qui réunit 72 pays et une dizaine d'organisations, s'est ouverte hier à La Haye, aux Pays-Bas, sous la présidence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et du président afghan Hamid Karzaï. Intervenant quatre jours après que le président américain Barack Obama eut dévoilé les grandes lignes de la nouvelle politique de Washington en Afghanistan, la rencontre réunit en particulier les pays frontaliers de l'Afghanistan, directement concernés par les deux fléaux que constituent le terrorisme et la drogue qui sévissent à grande échelle en Afghanistan. Ainsi le Pakistan, la Chine, la Russie et surtout l'Iran, particulièrement affecté par le trafic de stupéfiants en provenance de l'Afghanistan, sont présents. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, arrivée lundi sur les lieux, est la vedette de la conférence sur laquelle plane l'ombre du nouveau locataire de la Maison-Blanche, Barack Obama. Avant même de fouler le sol hollandais, elle s'était déclarée impatiente d'écouter ce que l'Iran, représenté par son vice-ministre des Affaires étrangères, dirait. Elle avait également souhaité que ce pays s'implique aux côtés de la communauté internationale dans le dossier afghan. Aucune rencontre entre elle et le représentant iranien n'est programmée, mais Hillary Clinton n'exclut aucune hypothèse de ce point de vue, n'ayant reçu aucune directive du président Obama à ce sujet. Si une telle rencontre venait à avoir lieu, ce qui n'est pas exclu, cela constituerait l'évènement marquant du sommet. La conférence est consacrée à la reconstruction et au développement de l'Afghanistan, et constitue “le signal que le monde n'a pas oublié” ce pays, selon la formule de Richard Holbrooke, l'envoyé spécial américain dans la région. Les Etats-Unis ont annoncé une participation de 40 millions de dollars pour les besoins de l'organisation de l'élection présidentielle prévue pour le mois d'août prochain. L'ONU a estimé ces besoins à 220 millions de dollars. La Commission européenne, de son côté, a annoncé l'octroi de 60 millions d'euros de plus pour 2009 et 2010, qui viendraient s'ajouter aux 700 millions d'euros prévus par le budget européen pour la période allant de 2007 à 2010. Dans un tout autre registre, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'entretiendra avec son homologue américaine sur l'envoi, prochainement, de forces européennes de gendarmerie en Afghanistan, dont le principe a été retenu par la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Tout au long de sa campagne électorale, mais aussi après son investiture à la Maison-Blanche, Barack Obama n'a cessé de dire qu'en matière de lutte contre le terrorisme international, l'Afghanistan constituait sa priorité et qu'il demanderait des efforts supplémentaires à la communauté internationale et notamment à l'Europe. Il a souvent affirmé qu'en effet, le fardeau était trop lourd pour un seul pays, dusse-t-il être la première puissance économique et militaire du monde. Comme pour le conforter dans ses propos, à la veille de l'ouverture de la conférence sur l'Afghanistan, le Government Accountability Office, l'équivalent américain de la Cour des comptes, a publié les dépenses engagées par le Pentagone “contre le terrorisme” depuis 2001. Si la guerre en Irak a coûté à elle seule 533,5 milliards de dollars, les opérations en Afghanistan, dans la Corne de l'Afrique et aux Philippines ont consommé 124,1 milliards de dollars du budget de la Défense. M. A. Boumendil