L'utilisation d'obus au phosphore blanc par Israël lors de son attaque de Gaza au tournant de l'année est un crime de guerre, accuse de nouveau l'organisme Human Rights Watch dans son dernier rapport. “L'armée israélienne a parfois utilisé des obus au phosphore alors qu'il n'y avait pas de troupes israéliennes qui avançaient dans les parages”, a expliqué Jean- Marie Fardeau, porte-parole de l'ONG. Israël s'était défendu en justifiant qu'il s'est servi du phosphore blanc pour fabriquer un écran de fumée et cacher la progression de ses troupes aux snipers du Hamas ! La convention de Genève bien que cynique et ambiguë a précisé pour sa part que ce phosphore blanc n'est légitime que lorsque les civils et les combattants sont situés dans des endroits bien distincts. Si des civils sont mêlés aux combattants, même si ces derniers les utilisent comme boucliers humains, il est illégal d'utiliser le phosphore blanc, selon la convention qui définit les conduites à observer durant les guerres. De toute façon, dans plusieurs des cas recensés par HRW, il n'y avait pas de combattants du Hamas à proximité. Il est à rappeler que ce phosphore blanc brûle à plus de 800 degrés Celsius, et que sa combustion se poursuit tant que la substance est en contact avec l'oxygène de l'air. D'où les blessures particulièrement horribles et douloureuses qui causent une mort lente et atroce, affirme la Croix-Rouge Internationale qui avait dénoncé son utilisation par Israël. HRW estime que les obus au phosphore blanc ont été fabriqués voilà une vingtaine d'années aux Etats-Unis. L'ONG a demandé aux Etats-Unis d'enquêter sur leurs armes qui ont servi à des crimes de guerre. Israël pressé par les opinions internationales a promis de mener une enquête après avoir nié avoir utilisé de tels obus. HRW a mené de son côté une enquête rigoureuse et indiscutable. Ses enquêteurs ont retrouvé les fragments des obus au phosphore, recueillis des témoignages de médecins et de Gazaouis et cerise sur le gâteau, des entrevues avec des soldats israéliens. Les Palestiniens de leur côté ont finalisé leur dossier sur les crimes commis par Israël et devraient le remettre au CPI. La justice internationale qui au départ avait argué ne pas pouvoir se saisir du dossier au motif que la Palestine n'existe pas officiellement, commence à entrevoir l'idée d'interpeller des dirigeants israéliens. C'est que la CPI est dans la mélasse après son arrêt contre le président soudanais qu'elle accuse de crime au Darfour. L'Afrique et le monde arabe y ont dénoncé la politique manifeste de deux poids, deux mesures. D. Bouatta