Dans la nouvelle gouvernance de l'économie mondiale, les pays du Sud ne vont pas jouer les premiers rôles, à moins d'une réforme profonde du Fonds monétaire international et d'un élargissement du G20 à d'autres représentants des pays en développement. Si pour la première fois quelques résultats ont pu être espérés, pour le moyen et le long terme, il n'est pas sûr qu'ils soient à la hauteur des attentes de tout le monde, et principalement des damnés de la Terre. On ne parle plus du G7, puisque des nouveaux venus, des pays émergents (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Brésil, etc.) ont pu côtoyer les organisations internationales dont le FMI et la BM. Le grand gagnant de cette rencontre est bien entendu le FMI qui bénéficie de 1 100 Mds de dollars de recapitalisation. Reste à trouver la réponse à la question qui paiera la facture ? L'UE ayant largement dépassé les limites du déficit permis par la BCE, et ne souhaitant pas, il y a quelques jours, aller au-delà du doublement des ressources du FMI, en mettant sur la table 250 mds de dollars, pendant que les Américains souhaitaient tripler le capital du FMI en parvenant à 750 Mds de dollars. Or, les nouveaux venus à l'UE (Pologne, République Tchèque, etc.), qui souhaitaient obtenir un prêt de 320 mds de dollars de la part de l'UE se sont vu opposer une fin de non-recevoir par les plus riches d'entre eux qui les ont orientés vers le prêteur en chef, le FMI. Un deuxième point est à considérer : l'aide de l'UE escomptée par les pays du Sud, dont l'Afrique, ne sera pas accordée. Ils devront s'adresser au FMI qui coordonnera cette aide, avec les conditionnalités connues, des remèdes de cheval qui ont eu bien peu d'effets sur les pays qui les ont appliqués jusqu'ici. “À mon avis, il aurait été plus sage de mettre en chantier la création d'un organisme qui aurait pu, à terme, remplacer le FMI, à défaut de le réformer sérieusement, dans ses méthodes et procédures qui n'ont pas été un modèle d'efficacité jusqu'ici”, affirme l'économiste, le Dr Bouyahiaoui, qui poursuit : “Puisque, je pense que le FMI a été, en partie tout au moins, responsable de cette crise, car il n'a pas pu l'anticiper : Daniel Strauss Kahn, l'actuel DG du FMI, à la suite de Paulson, le secrétaire d'Etat au Trésor américain (ainsi que Trichet de la Banque centrale européenne, et Ben Bernanke, gouverneur de la réserve fédérale américaine) ont déclaré que le monde de la finance avait cruellement manqué de veille stratégique, car il n'avait pu anticiper à temps une crise de cette importance. Régulièrement, depuis 15 ans maintenant, et à chaque crise majeure (1995 au Mexique, 1998 au Brésil, 2001-2002 en Argentine) s'est posée la question de réformer ou non la machine FMI qui, à chacune de ces occasions, avait de graves ratés.” Le FMI n'est pas un modèle d'efficacité Au-delà de ces considérations reste une question sans réponse évidente : qui paiera une facture aussi salée de 1 100 mds de dollars ? En mars, les membres de l'UE refusaient de refinancer le FMI au-delà du double de ses avoirs actuels, alors que les Américains faisaient du forcing pour tripler ses fonds. Or, surprise, à la fin de la réunion du G20, on est arrivé à un chiffre inespéré (?) de 1 100 mds de dollars pour envoyer un signal fort aux marchés financiers qui ont d'ailleurs réagi dès la veille suite aux bruissements de coulisses et autres effets d'annonce savamment distillés que les experts des marchés financiers ont bien vite décodés, avant même la publication des résultats de la réunion et du communiqué du G20. Selon le Docteur Bouyahiaoui, on commencerait déjà à sortir du gros de la crise financière. C'est le début de la fin de la crise financière. La crise économique commencera à se résorber à son tour dès la fin 2009. Même si, entre-temps, il y aura encore des fermetures d'entreprises et des compressions d'emplois, pas toujours dues à la crise, car les entreprises profitent de la crise pour se délester d'emplois qu'ils jugent de trop. Des entreprises qui réalisaient d'excellents résultats se sont mises à licencier du personnel. Certaines revues africaines, tenant compte de l'avis de quelques experts sous l'influence de dirigeants politiques, parfois, pensaient à tort ou à raison que la crise planétaire n'allait pas toucher l'Afrique et qu'elle allait même lui être bénéfique ! Les faits leur ont naturellement donné tort, puisque les matières premières, sources essentielles de revenus de l'Afrique ont vu leurs prix baisser à la suite de la récession, entraînés par la chute de la demande mondiale. Gordon Brown, Premier Ministre de Grande-Bretagne, avait annoncé que la totalité des plans de relance dans l'ensemble des pays du monde exigeait un total de 5 000 mds de dollars d'ici 2010. Ce chiffre a déjà été évoqué très tôt par le Docteur Bouyahiaoui, juste après l'annonce du plan Paulson de 750 mds de dollars, en septembre. “Too little and too late”, avait-il dit, ajoutant qu'il faudra désormais entre 3 500 et 5 000 mds dollars pour sortir de la crise financière. Selon lui, l'Algérie ne tirera aucun profit de ce programme de relance puisqu'elle s'appuie sur ses réserves de change et donc n'éprouvera nul besoin de faire appel au FMI. Une possibilité de tirer profit de la crise s'offrirait à l'Algérie au cas où les prix du pétrole augmenteraient en même temps que le taux du dollar. Mais, selon le Docteur Bouyahiaoui, “le scénario le plus probable verrait le prix du baril croître en même temps que le taux du dollar régresser, ce qui limiterait le bénéfice de l'Algérie dans une telle conjoncture, car le contrôle du prix du pétrole et du taux de change du dollar lui échappe totalement”. Nacer Bouyahiaoui regrette que l'Algérie n'ait pu tenter de tirer profit de la crise en achetant des parts dans des entreprises fiables telles que VW, Ford ou même General Electric, etc.). À titre d'exemple, l'action de Citibank qui avait chuté à moins de 1 dollar est remontée à près de 3 dollars déjà. Il pense que l'Algérie sera sollicitée, si ce n'est déjà fait, pour participer au renflouement des caisses du FMI… Djamel Zidane