S'il s'est dit ne pas faire du taux de participation un “complexe”, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni ne prédit pas moins, pour aujourd'hui, une affluence appréciable des Algériens vers les bureaux de vote. Cet optimisme de M. Zerhouni, exprimé hier à l'émission L'invité de la rédaction de la radio Chaîne III, va à l'encontre des pronostics de certains observateurs nationaux et étrangers qui s'attendent à une grande abstention. Sa prédiction, M. Zerhouni la tire de certains indicateurs comme l'“affluence”, durant les deux premiers jours de vote, des Algériens établis à l'étranger vers les bureaux de vote au point d'y voir “l'indice d'un bon taux de participation” à la présidentielle. L'autre élément qui a renforcé le ministre de l'Intérieur dans sa conviction est la participation “particulièrement importante” des citoyens aux meetings et autres actions de proximité organisés par les différents candidats lors de la campagne électorale. Pour appuyer ses dires, M. Zerhouni a procédé à une comparaison avec l'élection du 8 avril 2004. Selon lui, le nombre de citoyens ayant pris part aux activités des différents candidats est de 2 000 000 en 2009, alors qu'il n'était que de 1 300 000 en 2004. Autre élément : de 24 000 personnes en 2004, le nombre de citoyens ayant fait un recours pour corriger leur inscription sur les listes électorales a grimpé à 170 000 personnes. Au contraire de ceux qui soutiennent que le principal enjeu de l'élection présidentielle de 2009 est le taux de participation, Yazid Zerhouni, réputé pour son flegme, assure qu'il ne fait pas de cette question une maladie. “Nous n'avons aucune raison de vivre avec un complexe, appelé le complexe du taux de participation, s'il y a lieu de comparer les résultats obtenus régulièrement en Algérie par rapport à ceux obtenus dans des pays qui ont la plus longue expérience démocratique”, a-t-il soutenu non sans remarquer, sur la question du taux d'abstention, qu'“il est difficile d'anticiper sur un chiffre et se hasarder à donner un taux possible”. Récusant l'idée très répandue que les résultats sont connus d'avance, M. Zerhouni assure que “nous avons agi en toute transparence”. Et d'un revers de la main, il rejette l'accusation portée par des observateurs et même des candidats à la présidentielle contre l'administration algérienne de s'être mise totalement au service du Président-candidat lors de la campagne électorale. Toutes les garanties pour une élection transparente sont réunies, jure-t-il. En guise de garanties, M. Zerhouni a cité la possibilité qu'ont les candidats de “désigner des observateurs pour assister à toute l'opération du vote au niveau des bureaux jusqu'au dépouillement et de prendre à la fin du dépouillement avec eux un procès-verbal signé par les membres du bureau”. Et d'appuyer : “Notre système apporte de très grandes facilités aux candidats, dont l'accès aux médias lourds qui est réparti d'une manière équitable et gratuite”. Mieux, à écouter M. Zerhouni, l'Algérie est, en matière de conditions d'une élection régulière, en avance sur bien des pays. “En comparant la loi électorale et tout le contenu des garanties pratiques mises en place avec ce qui existe dans les lois électorales d'autres pays, qui ont une longue expérience dans les systèmes électoraux, nous sommes réellement en avance”. Donnant son appréciation sur la campagne électorale qui s'est achevée lundi, M. Zerhouni a soutenu qu'elle s'est déroulée dans de bonnes conditions et dans une ambiance de liberté d'expression “totale”. Pourtant, les partisans du boycott se sont plaints du refus de l'administration de donner suite à leur demande d'organiser des meetings.