A quelques heures du scrutin, le ministre de l'Intérieur préfère observer le wait and see, se refusant à un pronostic sur le taux de participation. Néanmoins, il estime que certains indices laissent présager un taux assez appréciable ou du moins pas trop mauvais. «Je n'ai pas la boule de cristal, patientons encore moins de cent heures et nous pourrons juger» a déclaré, ce matin, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Intervenant sur les ondes de la chaîne III, Nourdine Yazid Zerhouni répondait à une question relative à la polémique qui a eu lieu ces derniers jours autour du taux de participation à l'élection de demain. Le ministre s'est cependant montré optimiste quant à un « bon » taux de participation en s'appuyant sur des indices d'évaluation prometteurs. «On ne peut pas anticiper pour donner un chiffre et se hasarder à donner un taux possible mais nous avons des indicateurs intéressants », a-t-il indiqué. Selon lui, la mise à jour des listes électorales a suscité un intérêt particulier des citoyens pour se faire inscrire correctement. «En 2004 nous n'avons eu que 24 000 Algériens environ qui sont venus corriger leurs inscriptions et effectuer leurs changements de résidence et d'adresse, mais cette fois-ci nous avons enregistré 170 000 demandes de recours d'inscription à l'initiative des citoyens», a-t-il fait remarquer. Un autre indice en faveur d'un taux de participation favorable concerne la grande affluence et une audience importante des citoyens lors de la campagne électorale pour l'ensemble des candidats. « Nous avons enregistré presque 2 millions de personnes qui ont participé aux meetings, aux actions et campagnes de proximité et aux accueils populaires», a poursuivi encore Zerhouni tout en rappelant que ce nombre n'était que de 1,3 million de citoyens en 2004. Il a en outre cité l'affluence des électeurs à l'étranger évaluée pour ces deux premiers jours à 28 %. Ce taux n'a été, rappelle-t-il, que de 24% durant les élections de 2004. « Cela devrait signifier un indice en faveur d'un bon taux de participation », a-t-il conclu. Le ministre de l'Intérieur estime en définitive que « nous n'avons aucune raison de vivre avec un complexe que j'appelle un complexe de taux de participation si nous comparons les résultats que nous avons obtenus régulièrement par rapport aux résultats des élections dans les pays qui ont une longue expérience démocratique ». Ainsi, « a-t-on douté de la crédibilité du président Bush quand il a été élu avec un taux de participation de 30 % et les voies en sa faveur qui étaient en ordre de 15% à 20% de la population ? Est-ce que sa crédibilité a été mise en jeu ? », s'est-il interrogé en répondant à la remarque sur le fait qu'un fort taux d'abstention pourrait décrédibiliser le scrutin présidentiel. Concernant la présence des observateurs étrangers, que certains candidats jugent insuffisante de par le nombre, Zerhouni dira : « Compte tenu des dispositifs légaux, que nous avons en place, je considère que la présence des observateurs étrangers n'est qu'un supplément. Elle n'est pas indispensable. S'agissant du nombre d'observateurs, il est difficile d'imaginer une mission d'observateurs étrangers qui pourrait envoyer un observateur dans chacun des 47000 bureaux de vote». n Interrogé sur la dernière sortie du RCD qui a hissé une banderole noire sur tous les sièges du parti en signe du deuil pour l'élection présidentielle de demain, le ministre de l'Interieur a été très virulent. «Il n'y a pas lieu de s'étonner quand on sait que parmi ces gens-là, il y en a qui, il y a quelques années, ont dit, sans vergogne et sans pudeur : " Nous nous sommes trompés de peuple"». En outre, Zerhourni n'a pas écarté une éventuelle poursuite en justice de l'auteur de cet acte. Citant la loi de 1997 «qui fait obligation aux partis politiques de hisser l'emblème national de manière permanente sur leurs sièges». «Il y a une loi du code pénal qui réprime toute atteinte aux règles énoncées par cette loi», a-t-il indiqué.