La conception stratégique d'Obama est “celle du soft power ou du pouvoir doux”, c'est-à-dire une conception privilégiant “la diplomatie” et “les négociations”, où la défense de l'intérêt national peut se passer de “la force militaire”. “Obama l'Africain est un phénomène inconnu auparavant. Avec ses origines, ses positions prises tôt, on a toutes les raisons d'attendre le changement.” C'est l'avis du professeur américain Edward Mortimer exprimé, hier, lors d'une conférence sur la “dimension maghrébine dans la politique extérieure de Barack Obama”. L'invité du Centre des études stratégiques du quotidien Echaâb a, cependant, noté que le nouveau Président se veut pragmatique et “sait qu'il faut aller doucement et introduire le changement à la vitesse dont les gens vont l'accepter”. Selon lui, la conception stratégique d'Obama est “celle du soft power ou du pouvoir doux”, c'est-à-dire une conception privilégiant “la diplomatie” et “les négociations”, où la défense de l'intérêt national peut se passer de “la force militaire”. Du moins, précisera-t-il, “le pouvoir militaire doit être utilisé de façon modérée”. Sur un autre plan, le choix porté sur Susan Rice dans l'administration Obama, pour représenter les USA à l'ONU, est une décision “positive”, d'après lui, puisqu'elle “va donner plus d'importance à l'Afrique”. De plus, a-t-il ajouté, “le nouveau Monsieur Afrique est Johnny Carson, un type très bien qui a une vision très progressiste des relations des Etats-Unis avec l'Afrique”. Seulement, il fera remarquer que depuis le passage d'Henry Kissinger à l'administration US, une division “bureaucratique” de l'Afrique a été introduite, excluant l'Afrique du Nord ou le Maghreb du continent noir, pour le rattacher à l'espace du Moyen-Orient. Pourtant, expliquera-t-il, “le Maghreb fait partie d'une Afrique continentale, du point de vue de la géopolitique”. L'ex-éditorialiste du Financial Times a également averti qu'Obama n'a pas encore nommé de secrétaire adjoint pour le Moyen-Orient. Selon lui, le président américain a désigné 2 représentants spéciaux, l'un pour l'Afghanistan et le Pakistan, et l'autre pour “le conflit entre Israël et la Palestine”, alors que pour le Moyen-Orient, seulement “un intérimaire a été désigné, qui connaît bien le Moyen-Orient, mais beaucoup moins le Maghreb”. Plus loin, l'invité du forum d'Echaâb a laissé entendre que l'Afrique, y compris le Maghreb, ne semble pas constituer “un pôle central dans la stratégie d'Obama”, même si cet espace a représenté “un enjeu de la politique étrangère” US pendant la guerre froide. Le professeur Edward Mortimer a, cependant, distingué la vision d'Obama sur l'Afrique de celle de ses prédécesseurs, dont Bill Clinton. Avant de conclure, le conférencier a annoncé qu'un “nouveau rapport sur le Sahara occidental a été publié hier (le 7 avril, ndlr) à Washington”. “C'est un rapport patronné par un centre de recherches et d'enseignement, partisan fort du Maroc, qui semble reprendre majoritairement les thèses marocaines sur le Sahara occidental”, a-t-il expliqué, en confiant que cette orientation émane d'un des membres influents du centre, un certain M. Size. Pour l'intervenant US, “Obama n'a pas les mêmes préjugés favorables au Maroc que les néoconservateurs”. De plus, poursuivra-t-il, “Ross est un Américain qui connaît bien l'argument de l'Algérie, en ce qui concerne l'autodétermination et l'indépendance du Sahara occidental. C'est une question à suivre”. Au cours du débat, M. Mortimer a admis que la question sahraouie, “mal connue” dans son pays, est aussi victime de la “sous-traitance des Etats-Unis avec la France et plus généralement avec l'Europe”. Il a néanmoins réitéré l'idée selon laquelle “Obama est pour le principe d'autodétermination”. Mais, quelque part, il semble reprocher à l'Algérie de s'en tenir uniquement à “une position juridique internationale”. L'invité d'Echaâb critique-t-il cette position ou cherche-t-il plutôt à convaincre notre diplomatie à prendre en compte les questions de géopolitique et d'équilibre des forces ? “Le droit international n'est pas le changement que veut Obama”, a soutenu pour sa part le conférencier, rappelant que ce droit est avant tout “un instrument utilisé par les Etats”. Hafida Ameyar