Au-delà de la célébration de la Journée du 14 mars consacrée aux personnes handicapées, les jeunes sourds-muets de l'école spécialisée qu'ils fréquentent et que nous avons eu l'occasion de visiter sont pris en charge dans des conditions qui leur permettront, plus tard, d'être de véritables acteurs et non plus des assistés. L'EJS est un lieu d'enseignement d'éducation et de vie collective qui doit permettre la réussite scolaire et l'épanouissement de chacun, l'apprentissage de la responsabilité individuelle et collective, ainsi que la formation de citoyens en vue de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes sourds dans la société. Dans un climat de confiance réciproque, le jeune avec sa famille et les professionnels de l'école œuvrent ensemble vers un même but : l'épanouissement du jeune dans sa vie scolaire, culturelle, sociale et professionnelle. La finalité est d'améliorer la vie des jeunes durant leur passage à l'école et de retrouver, plus tard, les personnes qu'ils ont connues dans le cadre d'activités conviviales. En effet, l'école des sourds-muets située à haï Moulay-Mustapha n'offre plus ce visage, jadis, dégradant. En deux années, l'établissement, d'une superficie de plus de 5 000 m2, qui a ouvert ses portes le 10 avril 1997, et conçu pour une capacité théorique de 90 élèves, a subi des transformations au niveau de ses différents blocs pour permettre une réelle prise en charge des 65 sourds, dont 43 internes et 22 en demi-pension. M. Djamel Hamitouche, directeur de l'action sociale au niveau de la wilaya d'Aïn Témouchent, nous apprendra qu'il est prévu une autre enveloppe financière estimée à 600 millions de centimes destinée pour d'autres travaux de réaménagement. Selon ce dernier, le but recherché est de parvenir à une utilisation rationnelle des espaces qui permettront aux jeunes sourds de suivre leur scolarisation dans des conditions adéquates avec la mise en place du matériel et autres équipements nécessaires au bon fonctionnement de cet établissement spécialisé qui doit répondre aux exigences professionnelles. À ce titre, le choix du matériel est soumis au contrôle du conseil d'administration de l'école. “Dans le cas contraire, mieux vaut le fermer”, dira notre interlocuteur. Il va sans dire que les 65 sourds-muets, qui sont pris en charge sur les plans clinique, orthophonique et pédagogique, sont répartis à travers 5 ateliers, tous équipés. Ainsi, plusieurs spécialités de formation sont dispensées aux jeunes des deux sexes, excepté les programmes de démutisation qui servent à leur apprendre à parler et dont les cours sont assurés par des éducateurs spécialisés, des psychologues et des orthophonistes. La photographie, la coiffure pour dames et hommes, la couture et broderie, l'informatique et le sport sont autant de spécialités dispensées au niveau des 5 ateliers professionnels et qui sont sanctionnés par la remise de diplômes reconnus pour permettre aux jeunes sourds de s'intégrer facilement dans la vie socioprofessionnelle. L'EJS offre une scolarité selon le système scolaire du ministère de l'Education différenciée et adaptée à chaque élève selon son projet personnalisé et son mode de communication privilégié. Deux modalités de prise en charge sont proposées. Une scolarisation en milieu spécialisé à l'EJS et une scolarisation en milieu ordinaire dans les établissements partenaires avec suivi par l'équipe pluridisciplinaire de l'école. À ce titre, deux conventions avec la direction de la formation professionnelle et la direction de l'éducation ont été signées avec la DAS pour l'affectation des PEP, ainsi que la création d'une classe intégrée au niveau du CEM Benbabouche mise à la disposition par le chef de l'établissement. De son côté, la direction de la jeunesse et des sports a contribué à l'amélioration des conditions de prise en charge avec la réalisation d'un terrain combinée et d'une dotation en équipements sportifs. M. Mohamed Belarbi Mohamed, directeur de l'EJS, qui nous a accompagnés tout le long de notre visite, nous apprendra que des bilans individualisés auprès des élèves en grande difficulté d'apprentissage ou de langage et des évaluations psychologiques sont établis périodiquement. Pour M. Mohamed Rahmani et Mme Nouria Kheloufi, professeurs spécialisés, “des séances de parole (apprentissage de la parole et perfectionnement) sont intégrées dans les emplois du temps des élèves au niveau des classes intégrées”. De son côté, l'orthophoniste Halima Hamed, qui se trouvait face à sa cabine orthophonique, un équipement néssaire et fondamental, nous apprendra que l'une des priorités du dispositif de scolarisation est de stimuler particulièrement l'apprentissage oral et écrit, développer les compétences de langage et de communication, mais aussi et surtout maintenir le contact entre sourd et entendant. Qu'il s'agisse de la jeune Aïcha Belatrache, 5 ans, originaire de Terga, d'Asma Bouchikhi, 9 ans de Oued-Berkeche, de Youcef Benmansour, 8 ans de Sidi Ben Adda, de Aya Taïfour, 6 ans, de Tamzoura et tous ceux et celles qui fréquentent cet établissement spécialisé, tous sont unanimes et louent les commodités dans lesquelles ils évoluent. Aussi, sans se substituer à la famille dont le rôle demeure irremplaçable, l'éducateur, par sa qualité d'écoute et ses compétences communicationnelles, permet de créer un climat où l'échange est possible. M. Laradj