La mise en place, à titre d'expérience et d'opération-pilote, d'une forme de synergie et d'organisation pour les artisans, appelée “le système productif local” (SPL), a été longuement débattue lundi au niveau du centre de facilitation de la PME/PMI à Oran. Des artisans d'Oran, de Mostaganem, les représentants des Chambres de l'artisanat de ces deux wilayas ainsi que les directeurs de la PME/PMI ont échangé leur points de vue et évoqué les contraintes liées à la mise en place de ces SPL. Ce projet qui concerne 7 wilayas, dont à l'Ouest, Oran et Mostaganem, a pour objectif, explique le directeur de la PME d'Oran, “de fédérer les artisans, une mise en réseau du ces derniers et donc une forme d'organisation moderne. Le SPL est une expérience qui a été déjà menée à l'étranger avec des résultats.” Et de poursuivre : “Les artisans constituent une force, mais il faut en effet les organiser autour de filières et cela avec la participation de nombreux acteurs comme les Chambres d'artisanat, les pouvoirs publics, etc.” Pour ce projet, la coopération d'experts étrangers, comme les Espagnols, à travers de l'organisme AECI, est un appui important, notamment à Oran. En effet, l'expertise étrangère dans cette forme d'organisation va compter pour les cycles de formation qui seront dispensés aux artisans puisque la filière retenue à Oran est la réhabilitation du vieux bâti. Mostaganem, pour sa part, a été retenue pour la filière BTPH et est déjà en avance dans la mise en place du SPL. Ces deux wilayas ont déjà leur propre expérience de maturation du projet et de contraintes qui se sont posées dans l'organisation des artisans. Parmi ces contraintes, nous citerons la carte d'artisan qui, selon l'ensemble des témoignages, n'est pas reconnue par certaines administrations ou institutions, alors que légalement celle-ci est valable et atteste de la qualification d'un artisan. Les artisans, lorsqu'ils veulent soumissionner un marché public ou autre, se voient demander un registre du commerce qui a une qualification, mais en termes de moyens humains et matériels n'ont pas forcément de savoir-faire d'anciens métiers, comme veulent faire valoir les artisans des chambres professionnelles. L'autre problème qui se pose est celui des marchés publics qui ne sont pas à la portée financière des artisans. C'est là aussi un problème d'ordre réglementaire, car l'artisan travaille par le biais de la sous-traitance, mais de façon totalement informelle. “L'artisan est exploité aujourd'hui parce qu'il a versé dans l'informel. La sous-traitance fonctionne aujourd'hui totalement dans l'informel. C'est le problème de fond”, lâche un des artisans, et cela est particulièrement vrai dans le BTPH. Ainsi, la réorganisation en réseau est primordiale aujourd'hui, mais son enjeux est aussi et surtout d'amener les artisans à agir “en communauté solidaire”. Une ambition qui ne se réalisera que si les artisans eux-mêmes font leur “propre révolution culturelle et sociale”, car pour l'heure, c'est l'individualisme et la débrouillardise qui dominent. Djamila L.