L'Institut Cervantès à Alger a abrité, dimanche dernier à 16h, une rencontre littéraire autour de l'ouvrage intitulé Españoles en Argelia. Memoria de una emigración (Espagnols en Algérie. Mémoire d´une émigration) paru aux éditions EIS Luis Garcia Berlanga (Alicante), et ce, en présence de l'auteur Juan Ramón Roca. Professeur universitaire d'Alicante, il a travaillé plus d'un an avec son équipe à la réalisation de ce livre. Car “le but de ce livre est de raconter l'histoire des Espagnols qui ont dû quitter l'Espagne et atterrir en Algérie”, dira l'auteur. La cause de cet exode massif est purement économique : “La situation économique en Espagne était intenable pour eux. Je parle surtout des habitants d'Alicante, de la Murcie et d'Almeria. Alors, il s'est produit qu'en face, c'est-à-dire à même pas cinq heures en bateau, il y avait un pays qui commençait, qui se développait, c'était l'Algérie française, et ils ont vu leur Eldorado, et c'est pour ça qu'ils sont partis. Ils sont partis seuls au début, ils ont travaillé très, très dur, et une fois qu'ils ont eu un travail grâce auquel ils pouvaient entretenir leur famille, ils ont fait venir leur famille directe, ensuite leurs amis… C'est comme ça que les Espagnols ont peuplé l'Algérie, notamment l'Oranie.” Pour la plupart des migrants espagnols, l'Algérie constituait soit une chance pour un nouveau départ, soit une terre de transit qui leur permettra de faire fortune et retourner par la suite au pays. À travers ses explications, l'auteur Juan Ramón Roca lève le voile sur une autre réalité : les souffrances des immigrés espagnols d'Algérie “lors de l'exode de 1962”, c'est-à-dire à l'indépendance du pays. Ces derniers vécurent un drame en arrivant en France, terre d'accueil mais aussi d'exil. Ils n'arrivaient pas à retrouver leur origine, leur identité… Cela a été très difficile pour cette nouvelle génération qui du jour au lendemain se retrouve dans une terre inconnue. Ils sont sans racines, car ni Espagnols ni Français… Par ailleurs, tout au long de son exposé, c'est une partie de l'histoire commune entre l'Espagne et l'Algérie qui est mise en exergue. Se voulant sincère mais surtout le plus fidèle possible, l'auteur a agrémenté de photos et de cartes son livre, l'illustrant de manière fort précise. “J'ai touché le phénomène comme le dernier mouvement migratoire” qui a commencé au début de 1830, à partir de la conquête française, où entre 115 000 à 120 000 Espagnols sont venus en Algérie, notamment en Oranie pour une vie meilleure. Un phénomène que notre propre pays vit, mais inversement. À croire que l'Histoire se répète.