Depuis jeudi dernier, les planches du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès ne cessent de vibrer au rythme des représentations, de conférences-débats enflammées à la 3e édition du Festival régional du théâtre professionnel. Plusieurs régions de l'ouest du pays ont montré tout leur savoir-faire et leur théâtre, espérant ainsi avoir les faveurs du jury et décrocher l'une des trois premières places, qualificatives au Festival national du théâtre professionnel d'Alger, prévu pour la fin du mois de mai. La compétition est serrée et le choix s'avère presque impossible. En effet, après la journée de vendredi qui a vu défiler sur la scène la coopérative du théâtre de Laghouat et El Asfa de Tlemcen, qui ont proposé respectivement El Sawt El Asfr et Lika'a ma'a ? samedi, la place a été cédée à la troupe El Nawaris du théâtre et des arts dramatiques de Bougara, de Blida. La troupe a joué la pièce le Destin d'Œdipe, adaptée par Tawfik El Hakim, d'après la splendide tragédie de Sophocle. Mise en scène par Kamel Attouche, celui-ci a déclaré : “C'est une mise en lumière éclatante qui traverse les contrées d'un destin et qui a su réunir ses enfants qui sont en même temps ses frères. Cette réalité est éclaboussée par les bruits trop forts et trop assourdissants, mais elle restera un exemple d'une fierté extraordinaire dans le futur antérieur. Œdipe est une quête drapée qui lance une flamme vers l'humanité pour expliquer l'être humain ; ce n'est qu'une loi sous l'égide d'un dieu. Accepter ou non son destin, c'est une autre paire de manches.” Non conventionnelle, la mise en scène s'est appuyée sur un espace vide, avec toutefois l'utilisation de quelques accessoires et un travail sur le jeu. Selon les intervenants, lors des débats après le spectacle, le Destin d'Œdipe a voulu montrer l'homme pris dans un cercle où sa vie se résume à une perpétuelle répétition, un éternel recommencement. La trame qui est une sorte de scénario dans le style policier avec une enquête pour trouver le meurtrier dans un hiatus qui à la fin s'avère le père d'Œdipe. Sur le plan technique, il a été noté un problème de taille qui est apparu sur l'utilisation de la langue arabe. En somme, théâtralement parlant, l'ensemble des intervenants ont parfaitement situé la relation du texte de la pièce avec son époque et le texte original lorsqu'il est travaillé dans son époque ; il doit aussi correspondre à l'époque dans laquelle on vit, c'est-à-dire s'adapter au temps. Les comédiens présents ont estimé que “monter la pièce d'Œdipe d'une manière classique n'est pas intéressant, mais la transposer en 2009, c'est plus captivant, parce que ça deviens un travail de mise en scène et de vision moderne du théâtre. Donc, c'est dans la forme que tout se joue”.