La problématique de la démocratie de proximité est le thème abordé lors d'une table ronde organisée hier au centre El Moudjahid et animée par Saïda Benhabilès (présidente du Mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale et ancienne ministre des Affaires sociales), Abdelkader Khomri (ex-ministre et ancien directeur général de l'ANEP), Ramdane Taazibt (député du PT et vice-président à l'APN) et M. Belaouane (1er vice-président à l'APC d'Alger-Centre). Pour Saïda Benhabilès, la démocratie de proximité veut dire “offrir des espaces d'écoute et de dialogue à tous les niveaux”. Si, à ses yeux, le mouvement associatif est “un levier important de l'approfondissement du processus démocratique, il doit toutefois être mis à l'abri de la récupération partisane pour ne pas revivre l'expérience malheureuse du FIS”. “Le processus démocratique engagé par l'Algérie au lendemain des évènements d'Octobre s'est heurté à une tentative d'assassinat à travers le terrorisme. Au nom de la démocratie, on a tenté d'assassiner la démocratie”. Abdelkader Khomri a soulevé la question du financement des associations, mais aussi de son utilisation. Il recommande aux associations d'engager un travail de concertation et de solliciter les élites qui doivent s'impliquer dans la vie de la nation. Selon lui, la singularité du mouvement associatif algérien est sa dimension politique comme c'est le cas de la Pologne de Lech Walesa. Aux yeux de l'ancien ministre, le système de parti unique avec toutes ses limites était loin d'être “un étouffoir” puisque, explique-t-il, différentes sensibilités s'y exprimaient. C'est à partir des années 80 avec le fameux article 120, qu'il a qualifié de “véritable catastrophe”, que les choses ont pris une autre tournure. Et avec le processus démocratique engagé à partir de 1988, l'Algérie se serait portée mieux sans cet accident de l'histoire que sont l'arrêt du processus électoral et la dérive du terrorisme car la problématique de sauvegarde de la République avait alors mobilisé toutes les énergies de la nation. Pour sa part, Mokrane Taazibt, député du Parti des travailleurs (PT), “on ne peut pas avoir de démocratie de proximité sans démocratie tout court”. Tout en déplorant la persistance des pratiques de parti unique, il estime que les manifestations “sont un signe de bonne santé politique”. Convaincu qu'il ne pourrait y avoir de démocratie de proximité si “l'on ne donne pas la parole aux acteurs”, il plaide pour la consécration du “droit à l'action” des Algériens pour aider le pays à s'en sortir. Quant à M. Belaouane, il a plaidé pour l'élargissement des prérogatives du maire pour qu'il puisse être à la hauteur de sa mission. “Le maire est le pare-choc de l'Etat. Il est pris entre deux feux : les lourdeurs administratives et les attentes des citoyens”, remarque-t-il. Son souhait est que le prochain code communal réhabilite l'élu local qui, lui, est en revanche tenu d'affûter ses outils de communication pour toucher les citoyens et les associer au développement de leur collectivité. A. C.