Pour pouvoir constater le niveau d'intégration de la femme algérienne dans le monde du travail, une délégation sud-africaine, dirigée par la présidente de la Commission nationale pour l'égalité des sexes en Afrique du Sud, Rachida Manjoo, s'est rendue, hier, en compagnie de l'ancienne ministre de la Solidarité nationale, Mme Benhabilès, au complexe industriel Tonic Emballage. En guise d'accueil, le PDG de Tonic Emballage, Abdelghani Djerrar, a souligné que la gent féminine représente presque la moitié de l'effectif de son entreprise. Dans le service commercial et dans certains ateliers, la femme est majoritaire. Pour illustrer ses affirmations, il cite l'exemple d'une femme occupant le poste de directrice centrale de l'approvisionnement en plus d'une autre directrice centrale, actuellement en voyage en Afrique du Sud. Selon le PDG, sur les 25 directeurs centraux, 5 sont des femmes, alors que 15% à 20% sont des femmes cadres au sein de la société. « Tonic a joué un rôle important dans le développement de la femme dans une région rurale comme Bou Ismaïl », a-t-il relevé. Interrogé par Rachida Manjoo sur les droits du travail des femmes comme la maternité et les enfants, M. Djerrar, soutenu par Mme Benhabilès, rappelle que la femme a droit à trois mois de congé de maternité en sus de deux heures supplémentaires de repos par jour pendant deux ans. En outre, il déclare qu'en plus de la couverture sociale, Tonic Emballage supporte les charges salariales sans compter d'autres avantages comme les colonies de vacances, les fêtes de l'Aïd et la rentrée scolaire. A la question de Rachida Manjoo, qui voulait savoir le cadre juridique qui prévoit les cas de harcèlement sexuel, Mme Benhabilès a répondu que l'Algérie a promulgué, pour la première fois de son histoire, un texte de loi pénalisant ce phénomène. La présidente de la Commission nationale pour l'égalité des sexes en Afrique du Sud a signalé que sa visite en Algérie intervient après une invitation de l'ambassade de l'Afrique du Sud en Algérie. « Nous visons à établir une interaction entre les femmes des deux pays », dira-t-elle avant d'exprimer son souci de savoir comment la réconciliation est appliquée en Algérie. En plus du volet économique et social, Mme Manjoo affirme vouloir connaître le degré de présence féminine dans les institutions. A ce sujet, elle fait une comparaison édifiante entre l'Algérie et son pays en annonçant : « En Algérie, la femme est beaucoup plus impliquée dans le domaine économique que politique. Chez nous, c'est l'inverse. La femme est très présente dans la vie politique et accuse un retard dans le domaine économique. » Ce constat s'est imposé après la visite de Mme Manjoo au Sénat, où elle a remarqué le faible pourcentage de la femme dans les deux chambres du Parlement. Parlant de la réaction de la Commission sud-africaine, Mme Benhabilès dira : « Les femmes sud-africaines n'arrivent pas à comprendre comment des femmes algériennes aussi politiquement engagées sur le terrain n'ont pas réussi à émerger en force politique en termes de postes ou de pourcentage. » La Commission sud-africaine, qui s'est déplacée également dans un village de Tablat, wilaya de Médéa, a été impressionnée par le courage et l'attachement à la paix de la femme algérienne. La visite des femmes sud-africaines en Algérie s'inscrit aussi dans les activités du Réseau algérien des femmes pour la paix, dont Mme Benhabilès est membre fondatrice. Créé en janvier 2005, ce réseau est composé de 30 associations, selon Mme Benhabilès, dont la section femmes de l'UGTA, du Snapap, de l'UNFA, de Rachda, d'Iqraâ, du Développement des femmes rurales... Aujourd'hui, une conférence-débat sera organisée au Centre international de presse (CIP) avec la participation du Réseau algérien des femmes pour la paix et la Commission sud-africaine. Les thèmes choisis traiteront de la réconciliation comme facteur de stabilité ainsi que de la femme et du développement économique.