Deux vieilles femmes logées dans un foyer d'accueil de personnes âgées à Béjaïa viennent d'être sommées de quitter les lieux. Elles n'ont plus où aller. Elles crient leur détresse. Elle a le regard vif et le visage triste. Coléreux et résigné. Des traits que ce petit bout de femme, la soixantaine, s'est sûrement forgés au fil du temps en traversant les épreuves de la vie. Les années ont passé et, aujourd'hui, elle se retrouve seule, depuis six mois, dans un foyer pour personnes âgées. “Ecrivez ma détresse, mais, de grâce, ne citez pas mon nom dans votre journal”, nous dit cette anonyme qui se retrouvera, dans quelques jours, à la rue. “J'ai attrapé une tuberculose extrapulmonaire”, confie-t-elle. “Je l'ai attrapée ici dans ce foyer. C'est la maladie des pauvres petites gens comme moi. Cela faisait déjà quelque temps que je me sentais fatiguée. Je n'étais pas bien. J'avais des douleurs. Je me suis dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas ; moi qui suis toujours active, en mouvement, j'avais du mal à marcher”, raconte-t-elle. Son état s'aggrave. “Je suis très malade, je souffre”, dit-elle. Mais plus que de son état, elle s'alarme, car elle vient de recevoir, à l'instar d'une amie à elle dans ce foyer, une décision de quitter les lieux avant le 6 mai prochain. “Où vais-je aller ? Dans la rue ? Je suis seule, je n'ai personne chez qui me réfugier”, s'indigne-t-elle. “C'est la raison pour laquelle je veux témoigner, en pensant aux personnes qui meurent dans l'indifférence dans la rue”, déplore-t-elle. “J'habitais dans un taudis à Oued Ghir avant d'être hébergée, il y a neuf mois, ici dans ce foyer. Où vais-je aller maintenant ?” s'indigne une autre vieille qui dit avoir reçu elle aussi une décision de quitter ce foyer avant le 6 mai prochain. Par leurs témoignages, nos deux interlocutrices espèrent faire bouger les choses, en tout cas alerter sur la solitude et la misère de personnes âgées comme elles. La mairie leur a promis d'être recasées dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. En attendant, c'est la rue qui les accueillera. Nos tentatives de joindre le responsable du foyer d'accueil des personnes âgées ont été vaines. Pour un sociologue, “il existe un déni sociétal de la vieillesse à tous les niveaux”. Par ailleurs, rappelons que l'association ER-Rahma de Béjaïa, qui milite depuis quelques années en faveur de l'aide aux personnes âgées abandonnées, a tenu à célébrer la Journée nationale des personnes âgées. Une journée portes ouvertes a été organisée, lundi dernier, en collaboration avec la DAS et l'association Afac au sein de la maison de la culture. Au programme, une exposition ainsi qu'une conférence ayant pour thèmes “La prise en charge des personnes âgées et leur place dans la société”, mais aussi “Les maladies liées à la vieillesse telles que les maladies d'Alzheimer et de Parkinson”. C. L.