Scène n Mercredi 10h00. Annexe de l?APC d?Alger-Centre, au boulevard Krim-Belkacem, une belle bâtisse vitrée. Le hall, aménagé en salle d?attente, grouille de monde. Des vieilles pour la plupart. Elles connaissent les agents de sécurité et tout le personnel. Ce n?est pas parce qu?ils sont voisins. La raison est tout autre et simple : elles viennent presque chaque semaine. Elles n?ont pas de problème d?emploi ; elles sont à la retraite ou femmes au foyer. Mais quel foyer ? Elles ont toutes un seul problème : un toit pour leurs enfants. Elles ont presque toutes des maladies ; celle qui n?est pas diabétique est hypertendue. Elles vivent toutes, avec leurs familles, le calvaire. Certaines familles attendent un logement depuis l?Indépendance du pays. Réponse des autorités : attendre la prochaine distribution. Ces dernières années, avec l?ouverture démocratique et l?existence d?assemblées élues, les familles espèrent avoir l?écoute des élus. A l?annexe Krim-Belkacem, Abdelhakim Bettache, maire-délégué, organise la réception des citoyens les dimanche et mercredi. Objectif : écouter le citoyen, agir pour régler son problème. Un sourire ne coûte rien pour soulager la douleur et les souffrances d?une famille. Toutes les vieilles connaissent Bettache. Elles l?appellent par son prénom : Hakim. Elles sont des habituées des lieux. A ce propos, M. Bettache déclare : «Je fais tout pour apporter un soutien moral aux citoyens. Ils sont tous dans le besoin. Ils vivent dans la misère. Ils n?ont pas de logement ou habitent dans une pièce.» Nous avons assisté à la réception, qui se déroule dans son bureau. Nous avons écouté le cri de détresse des vieilles. Elles sont malheureuses. Très pauvres. Toutes prient Dieu Le Tout-Puissant pour qu?Il mette fin à leurs souffrances. «Cela fait 20 ans que j?ai déposé un dossier de logement à la mairie. J?habite depuis au siège de la SAA, sur la terrasse. Aujourd?hui, j?ai reçu une décision d?expulsion. Qu?est-ce que je vais faire ?», dit cette femme à M. Bettache. «Je sais que tu mérites un logement. Je ferai tout pour que tu figures dans la prochaine liste», lui répond le maire-délégué. «Incha Allah wlidi, rebbi iferhek !» Elle a les larmes aux yeux et quitte le bureau avec l?espoir d?avoir un toit. Une autre vieille entre. Elle a la soixantaine. Son mari l?a accompagnée. Elle est non-voyante, diabétique et hypertendue. Elle occupe avec son mari et trois enfants une pièce depuis 1969 ! «Le propriétaire nous somme de quitter cette pièce mais pour aller où ? Dans la rue ?», s?interroge la vieille. «Je n?ai personne. Ni père ni mère, ni frères ni s?urs. Je n?ai que Rebbi et toi (le maire-délégué) pour m?aider à sortir de ma détresse.» «Incha Allah, Yemma. Je suis là pour ça. Je ne fais que mon boulot», répond Bettache. Ses pleurs redoublent lorsque l?élu lui dit qu?il connaît son cas et qu?elle mérite un logement. La vieille quitte le bureau, les larmes aux yeux. Nous avons assisté à la réception d?une dizaine de femmes toutes plus émouvantes les unes que les autres. Espérons qu?un jour elles auront ce logement, qui est un droit constitutionnel.