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Au centre de Dély Ibrahim, les pensionnaires trouvent affection et convivialité
Tout en continuant à rechercher la chaleur familiale
Publié dans La Tribune le 13 - 09 - 2009

Au centre de vieillesse et de personnes handicapées de Dély Ibrahim un silence absolu règne dans la grande cour. Une force mystérieuse enveloppe des arbres vigoureux et un jardin qui s'offre généreusement à l'harmonie de ce petit univers.
Ambiance conviviale
Le ciel est bleu, l'air est frais, le soleil brille, la nature est calme… Le décor est simplement magnifique. L'endroit respire la détente, la quiétude. Au fond de cette tranquillité se cache toutefois une grande souffrance. Des douleurs, des malheurs, des blessures profondes. Dans leurs chambres, les pensionnaires échangent des propos sans grande importance. Elles laissent passer le temps. «Dieu merci, nous avons le centre de Dély Ibrahim», lance l'une d'entre elles comme pour dire son appréhension de se retrouver à nouveau dans la rue. La femme affirme qu'elle avait connu la galère après avoir été chassée par les enfants de son défunt mari.
Une autre, la quarantaine, court vers le jardin. Elle s'assied sur un banc. C'est une attardée mentale. Elle est en colère. Son sac à la main, elle s'apprête à s'enfuir de l'établissement. «Je rentre chez moi. Je ne reste pas ici», dit-elle à la directrice qui l'interroge sur les raisons de sa colère. La jeune femme explique qu'elle veut se marier, avoir une cuisine et préparer à manger à son mari et à ses enfants. Elle promet de bien s'occuper de son mari et de son foyer. Elle le jure. Elle veut une villa. Il y a deux jours, elle a piqué une violente crise et a ameuté tout l'établissement. Elle est très difficile à maîtriser quand elle pique ses crises. Elle n'est pas la seule. D'autres femmes, plus âgées, moins âgées, traversent les mêmes moments et créent le même climat de suspicion et de désarroi. Elles sont imprévisibles. «Pourquoi n'as-tu pas pris ton traitement ?» lui demande la première responsable de l'établissement,
Mme Belhi Naïma, une femme qui a réussi, en l'espace de quelques mois, à gagner la sympathie de toutes les pensionnaires (Elle y est depuis trois ans). Toutes l'admirent et la respectent. «Je l'adore, elle me remonte le moral», affirme une des pensionnaires. «C'est un docteur d'Etat en psychologie», dit une autre, tellement elle apprécie la disponibilité de cette ancienne directrice de la pouponnière de Aïn Taya (20 ans de service). Les femmes s'agrippent à la première responsable qui est effectivement psychologue de formation –avec une licence, non un doctorat- chaque fois qu'elles l'aperçoivent. Elles la saluent et l'embrassent chaleureusement. Elles trouvent chez elle l'affection et la compréhension. Et c'est bien réel, rien n'est artificiel dans le regard et le mouvement des lèvres de ces femmes qui manquent tellement d'affection et de chaleur familiale. La jeune femme en colère retourne dans son pavillon où se trouvent d'autres femmes, en majorité malades mentales ou handicapées moteurs. Des groupes de 5 à 10 personnes, parfois plus, se partagent la superficie de ce premier pavillon. Les salles sont propres, bien aménagées, bien entretenues. Il y a un téléviseur dans chaque salle sauf là où il n'est pas utile. «Certaines femmes aiment le silence, l'isolement…», explique une éducatrice. Malgré leur état de santé (handicaps physique et mental), les pensionnaires s'entendent entre elles. Elles se comprennent, se soutiennent et s'entraident quotidiennement : une pensionnaire valide aide une pensionnaire invalide à s'habiller, à se laver les mains, le visage. Les images sont frappantes ! «Quand je suis ici, j'oublie qu'il y a tellement de haine et d'injustice dans ce monde matériel», dit une employée.
Déchirement familial
Les pensionnaires discutent en attendant que le repas du f'tour ou le dîner soit servi. Le f'tour pour celles qui jeûnent et le dîner pour les autres.
Une quarantaine de femmes jeûnent sur un total de 116. Les raisons sont bien claires : maladie mentale, incapacité physique, hypertension, diabète, asthme etc. Les pensionnaires qui ne jeûnent pas sont servies avant les autres. Les premières aiment toutefois assister au deuxième service : «Elles ont mangé mais aiment venir voir les autres manger». L'ambiance est conviviale. Elle l'est vraiment. Les pensionnaires ne se plaignent pas des prestations de service. Elles affirment qu'elles mangent et s'habillent convenablement et ne manquent de rien… sauf de la chaleur de leurs familles respectives qui les ont abandonnées dans une maison de vieillesse. A la rue, devrions-nous dire, pour bon nombre d'entre elles, avant que des âmes charitables leur tendent la main et leur offrent le gîte et le couvert dans cet établissement de l'Etat.
«Je me sens bien ici. Je ne manque de rien.
J'aimerai toutefois avoir de l'argent pour soigner mes deux bras», lance une pensionnaire souffrant de malformations au niveau des deux bras. Cette femme, la cinquantaine, raconte que c'est son frère qui l'a amenée dans cette maison de vieillesse après lui avoir fait signer des papiers. Entre autres papiers, une procuration pour qu'il puisse retirer sa pension de handicapée. «Il m'a dit de me préparer pour aller chez le médecin… puis je me suis retrouvée ici», poursuit-elle. Son frère ne cherche pas après sa sœur. «Je ne lui pardonnerai pas», dit-elle. Une autre, moins âgée, souhaiterait se présenter à l'émission «Tout est possible» pour tenter de retrouver ses sœurs : «Je ne les ai pas revues depuis 1982. J'ai oublié jusqu'à leurs visages». La jeune femme se souvient de ses voyages en France et en Italie: «J'ai vécu des moments formidables. J'étais secrétaire de direction. J'ai même travaillé aux Champs-Elysées». Elle est titulaire d'un diplôme de maîtrise de la langue italienne. Son histoire ressemble à celle de la première. «C'est mon frère qui m'a mise dehors après la mort de mon père», raconte-t-elle tristement. Elle était mariée et a une fille qu'elle avait quittée à l'âge de 7 ans. Elle ne parle pas trop de sa fille, peut-être même qu'elle ignore où elle se trouve. Ce qui la préoccupe plus, c'est de retrouver ses sœurs: «Je vais lancer un message à l'émission ‘‘Tout est possible''». Cette jeune pensionnaire est dépressive. Elle est pourtant si agréable et charmante quand elle est calme et qu'elle sourit.
Ces visages qu'on n'oubliera pas de sitôt
Khalti Mamie est un cas à part. Elle n'est pas dépressive, elle n'est pas invalide. Elle est bien portante malgré son âge : 80 ans! Une femme drôle, bonne vivante. La vie coule en elle et elle la croque à pleines dents. Sa chambre est plus gaie, plus accueillante que celle d'une adolescente. De très belles roses naturelles et artificielles recouvrent les murs. De nombreux pots de plantes trônent à la fenêtre. Il y a des bibelots, des photos d'elle et de personnes qu'elle aime… et même un portrait du président Bouteflika. Il y a de la joie dans sa chambre et sur le visage de cette vielle femme qui revient d'un pèlerinage à la Mecque : «C'était mon tour et j'y suis allée.» Cela ne l'a pas empêchée de jouer dans le film Mascarades, de Lyes Salem, qui a décroché un prix international. C'était un petit rôle mais un événement très important dans sa vie : «Tous les comédiens ont pleuré quand je les ai quittés. Ils m'ont dit qu'ils me regretteraient énormément». Elle précisera que ce n'est pas là son premier film : «J'ai aussi participé dans Douar N'sa». La vielle femme reste assez juvénile dans son regard, ses propos et tous les mouvements de son corps. Comment a-t-elle atterri ici ? «S'il y a eu un malheur dans ma vie, c'est un peu de ma faute», dit-elle, non sans sourire. Khalti Alia est plutôt calme, réservée mais toujours souriante. La chambre qu'elle partage avec quatre autres pensionnaires comporte de jolis fauteuils et de très beaux objets de décoration. C'est un grand salon où se rencontrent souvent les pensionnaires, en compagnie de la directrice, pour fêter certains événements comme El Mawlid Ennabaoui El Charif. Khalti Alia veille constamment à la propreté de sa chambre. «Elle est très propre» fait remarquer la première responsable. Nadia, beaucoup moins jeune, préfère s'occuper de la cuisine. Elle aime servir les visiteurs, leur offrir un bon café, un bon thé. L'accueil, c'est très important pour elle. Mme Belhi laisse faire ses pensionnaires de façon à créer une véritable ambiance de famille. Elle est psychologue et elle réussit bien sa mission. Bonne continuation.
K. M.


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