À l'occasion du 18e anniversaire de la revue Naqd, une rencontre ayant pour thème général “Corruption et prédation”, a été animée par de nombreux spécialistes venus de divers horizons, sous la présidence de M. Daho Djerbal, historien, dans les locaux du Cread à l'université de Bouzaréah. “Les parvenus d'aujourd'hui seront les aristocrates de demain”, selon Carlos Fuentes (La Plus Limpide Région), lorsque l'odeur de l'argent sera oubliée, pourrait-on ajouter. Les exemples qui suivront montrent des analogies frappantes entre les conditions qui président à la genèse, au développement et à la généralisation de la corruption-prédation : il faut qu‘il y ait proximité avec le pouvoir exécutif (politique, judiciaire, administratif, policier, etc.), qu'il y ait des ressources disponibles avec la possibilité d'accéder à la rente, que mettent en place et se développent des réseaux constitués d'oligarchies puissantes, disposant elles-mêmes de réseaux clientélistes. “La corruption n'est pas un fait isolé mais tend à devenir un phénomène systémique aux effets négatifs sur le lien social”, toujours d'après D. Djerbal en introduction à l'intervention de Anastassiya Zagainova de l'Université Pierre Mendès-France de Grenoble, ajoutant que “le but de la rencontre consiste à déconstruire le discours dominant sur la corruption, afin de démontrer les conséquences prédatrices sur l'économie, le social et son devenir”. Première remarque : la corruption n'est pas propre aux pays émergents. Mais ce qui fait problème c'est lorsque ce qui semble de prime abord conjoncturel ou épisodique, devient système, pour que soit possible une alliance sacrée entre corruption, rente de monopole et réseaux clientélistes.