Le président de la Commission de promotion des droits de l'Homme, tout en affirmant être un partisan de la “liberté d'expression absolue”, met en garde aussi contre la diffamation. Farouk Ksentini était vendredi en première partie de la soirée l'invité du Forum de la télévision, au cours duquel il a fait un large balayage des questions en rapport avec les missions de sa commission. Actualité oblige, il embraie d'emblée sur la question de la liberté de la presse. Pour lui, “c'est un acquis irréversible”, car ajoute-t-il, “la presse contribue au développement”. Le président de la Commission de promotion des droits de l'Homme, favorable à la dépénalisation du délit de presse, propose la commutation de la peine d'emprisonnement du journaliste, en sanction financière. “Oui à la liberté absolue d'expression qui s'abstient de toute injure ou diffamation”, appelant à cette occasion la presse à “s'impliquer dans le combat contre la corruption”. “La tragédie nationale”, un des dossiers sur lesquels planche la commission. Un chiffre : 10 milliards de dinars, c'est la somme dépensée par l'Etat pour prendre en charge les victimes, tous bords confondus. Soit 2 311 dossiers de familles ayant perdu un des leurs du fait du terrorisme et 1 104 dossiers de personnes ayant perdu leur emploi pour implication dans des actes terroristes. M. Ksentini souligne à ce propos “les efforts considérables de l'Etat” pour la prise en charge des victimes de cette tragédie. En revanche, il s'est montré particulièrement peu prolixe sur la question de l'amnistie générale. Tout en convenant d'“approfondir la réconciliation nationale”, ce qui n'est pas une originalité dans sa position, il estime que “l'amnistie générale est une prérogative exclusive du président de la République”. Il insiste sur ce point. Ce qui tranche avec sa précédente position, où il avait plaidé à fond pour l'amnistie générale. La prudence de Ksentini sonne comme la conséquence d'un rappel à l'ordre dont il a dû être l'objet de la part de hauts responsables qui lui auraient vraisemblablement recommandé de mettre la pédale douce par rapport à “l'amnistie générale” qui nécessite un mûrissement. Farouk Ksentini s'en donne à cœur joie en parlant des ONG. Pour lui, “elles ont commis une grossière erreur de jugement sur le cas de l'Algérie, en pensant que les services de sécurité combattaient les démocrates”. Mais, ajoute encore Ksentini, le 11 septembre a placé ces ONG en porte-à-faux avec leurs positions. C'est pourquoi leur demande-t-il rien moins que de présenter leurs excuses à l'Algérie pour avoir terni l'image du pays. “Faites cet effort et devenez crédibles”, leur recommande-t-il. Au sujet des conditions d'incarcération et surtout de dépassements au niveau de la police et de la gendarmerie, Ksentini assure qu'il n'a pas reçu de doléances. “Nous n'avons reçu aucune plainte pour torture, les prisonniers que j'ai rencontrés ne m'ont jamais fait état de torture”, renchérit-il en accusant encore les ONG d'être derrière cette affaire. Au sujet des harragas, Farouk Ksentini récuse l'incrimination des partisans de la harga. Une amende financière, suggère-t-il, dès lors qu'il s'agit d'un délit au regard des lois du pays. Mais il préconise le dialogue comme piste de travail pour la prise en charge du phénomène. Concernant la situation des droits de l'Homme, M. Ksentini fait un constat un peu trop positif, car à l'écouter, on a le sentiment que l'Algérie est une Mecque en la matière. Ce qui n'est pas le cas ne serait-ce que par le maintien de l'état d'urgence. Pour le président de la Commission de promotion des droits de l'Homme, l'Algérie vient en deuxième position s'agissant du respect des droits de l'Homme, après l'Afrique du Sud. “Il y a la volonté de promouvoir les droits de l'Homme en Algérie, le peuple algérien aspire à voir l'Algérie devenir un Etat de droit”, conclut-il.