Alors que l'on n'enregistre que des réactions positives aux premiers signes de détente entre Israël et l'Autorité palestinienne, Ariel Sharon fait la fine bouche et se dit non concerné par la trêve décrétée par les factions palestiniennes. Pis, il affirme ne pas être dans l'obligation de prendre des mesures d'allégement vis-à-vis des Palestiniens. Quelles concessions peuvent bien faire encore les Palestiniens pour satisfaire Ariel Sharon ? Il faut reconnaître qu'aux yeux de la communauté internationale, l'Autorité palestinienne n'a ménagé aucun effort pour la mise en œuvre de la "feuille de route", tandis qu'Israël multipliait les exigences pour bloquer l'opération. Le point essentiel, à savoir la cessation des attentats anti-israéliens, a été concrétisé grâce au talent de diplomate d'Abou Mazen qui a su convaincre les factions armées radicales palestiniennes. Celles-ci, réputées pourtant très difficiles à faire changer d'avis quant à leurs positions vis-à-vis de l'Etat hébreu, leur ennemi viscéral déclaré, ont accepté de faire un sacrifice pour voir si Israël veut vraiment la paix. Ce succès diplomatique, salué par les Etats-Unis et tout l'Occident, ne constitue apparemment pas un point positif pour le boucher de Sabra et Chatila, qui se déclare non concerné par l'accord et demande plus, à savoir le désarmement immédiat de tous les groupes armés palestiniens. Le gouvernement israélien refuse d'entendre parler de la contrepartie demandée par les groupes palestiniens signataires de l'accord portant arrêt des attentats anti-israéliens pendant trois mois dans un premier temps pour décider de la démarche à suivre par la suite. Le Hamas, le Fatah, le FDLP et le Djihad islamique veulent qu'Israël cesse ses raids ciblés dans les territoires autonomes visant à assassiner leurs dirigeants et que soient libérés les prisonniers politique palestiniens. Le pire est que le leader du Likoud a décidé de poursuivre la construction de la "ceinture de sécurité", astuce lui permettant d'annexer de facto des terres palestiniennes, notamment les terres où ont été installées des colonies sauvages et surtout la partie est de la ville Jérusalem que les Palestiniens, Autorité et peuple considèrent comme la capitale de leur futur Etat. Israël ne s'arrête pas là puisqu'elle fait même dans la provocation, en annonçant que les visites de non-musulmans sur l'esplanade des mosquées vont continuer. L'autorisation de ces visites par Ariel Sharon en personne est perçue comme un geste provocateur vis-à-vis des musulmans en général et des extrémistes en particulier. Il faut rappeler que l'accès à l'esplanade avait été interdit à la suite de la visite sur les lieux de Sharon le 28 Septembre 2000, qui avait servi de détonateur à la seconde Intifadha. Comme le processus de paix est fragile et reste à la merci des extrémistes des deux bords, le chef du gouvernement israélien cherche à tout prix à provoquer l'étincelle qui mettra le feu aux poudres afin de tout annuler et revenir au point de départ. Conscients de cela, les Palestiniens ainsi que les dirigeants arabes pressent Israël à donner une réponse positive et à s‘engager réellement dans le processus de paix. L'Autorité palestinienne n'épargne aucun effort pour convaincre les groupes armés de ne pas répondre à la provocation afin de ne donner aucune chance à Ariel Sharon de bloquer la " feuille de route ". K. A.