Au moment où les factions palestiniennes peinent à s'entendre au Caire, à Tel-Aviv s'ouvre un débat sur le démantèlement des colonies. Les discussions inter-palestiniennes pour un arrêt des opérations suicides se poursuivaient, hier, dans la capitale égyptienne, où les factions palestiniennes ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le protocole opératoire d'un cessez-le-feu, même si le principe de la trêve est acquis. En fait, ces divergences apparaissent à deux niveaux: d'une part, entre les factions elles-mêmes, notamment les mouvements Hamas et Djihad islamique, entre ces dernières et l'Autorité palestinienne, interlocutrice de fait du gouvernement israélien, d'autre part. Selon un projet de communiqué diffusé hier par l'agence égyptienne Mena celui-ci «va stipuler la nécessité d'épargner les civils des deux bords, palestiniens et israéliens». Ce qui implique en fait, outre l'arrêt des attentats suicides en Israël, son corollaire, l'arrêt des répressions de l'armée d'occupation israélienne contre la population civile palestinienne. Beaucoup d'observateurs voient dans cette énonciation une suspension des attentats en Israël, mais pas des attaques contre les forces d'occupation israéliennes en Cisjordanie et à Gaza. Même si aucune condition ne semble être posée pour un éventuel cessez-le-feu, nombreux sont ceux qui interprètent la formule «épargner les civils des deux bords» comme une condition en soi dans la mesure où il est illogique de s'attendre à ce que les mouvements palestiniens acceptent de suspendre leurs actions en Israël, quand l'armée d'occupation poursuit ses représailles contre la population. Le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, qui était hier au Caire a, pour sa part, précisé devant les journalistes, qu'il n'y aurait pas «de cessez-le-feu gratuit ou unilatéral», comme cela a eu lieu au début de l'été, quand les mouvements palestiniens ont décrété une trêve unilatérale, qu'à coups de boutoir Ariel Sharon s'est ingénié à rendre inopérante. Aussi, MQorei de souligner: «Nous voulons un cessez-le-feu entre l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien en contrepartie d'un engagement israélien sur l'arrêt de toute forme d'attaque contre le peuple palestinien et les territoires palestiniens.» Prenant les devants à l'accord sur le point d'intervenir entre les factions palestiniennes, un haut responsable du conseil de la présidence israélienne, a rejeté sous le couvert de l'anonymat, un cessez-le-feu «partiel», indiquant: «Nous n'accepterons pas de demi-mesures et notre seul interlocuteur est l'Autorité palestinienne.» Une Autorité palestinienne contestée par les mouvement radicaux palestiniens, notamment Hamas et Djihad islamique, qui rejettent la «feuille de route» acceptée par Yasser Arafat et son gouvernement. Car, selon eux, accepter la supervision de l'Autorité palestinienne reviendrait à entériner la «feuille de route». Il reste en fait aux Palestiniens s'accorder d'abord entre eux afin de parler d'une seule voix face à Israël. Pour ce faire, il faudrait encore que l'Autorité palestinienne s'impose à tous et se fasse respecter par l'ensemble de la composante de la résistance palestinienne. Une occupation qui commence à être sérieusement discutée en Israël même là où des voix commencent à s'élever pour réclamer le démantèlement de certaines colonies dont l'existence empêchera tout accord sérieux avec les Palestiniens et constituera un obstacle à la mise en oeuvre de la «feuille de route». Ainsi, pour la première fois, un membre du gouvernement Sharon, le vice-Premier ministre, Ehud Olmert, a souligné la nécessité pour Israël, un jour ou l'autre, de mettre sur le tapis la question des colonies, en déclarant au quotidien Yediot Aharonot: «Nous approchons du moment où Israël devra prendre une décision stratégique (au sujet des colonies)». Selon des sources israéliennes, citées hier par le quotidien Ma'ariv les retraits envisagés par Ehud Olmert, proche du chef du gouvernement Ariel Sharon, concerneraient «le démantèlement de dizaines d'implantations et l'évacuation de quelque 50.000 personnes». Ces mêmes sources précisent que Sharon «pense que le temps est arrivé de prendre des décisions unilatérales». Unilatérales par rapport aux colons ou aux Palestiniens? Ce qui est manifeste en réalité est le fait que certains dirigeants du Likoud, parti au pouvoir, sont arrivés à la conclusion qu'il vaut mieux pour Israël, - en fait de plus en plus isolé au plan international par le fait de son intransigeance dans le dossier palestinien-, qu'elle jette du lest, même si elle ne cède rien sur le fond. Ce que résume en fait la curieuse proposition d'Ehud Olmert, qui affirme: «Nous approchons du moment où Israël devra prendre une décision stratégique» indiquant «J'aurais préféré un accord de paix avec les Palestiniens, mais je ne crois pas qu'on puisse y parvenir, alors le choix est entre le retrait jusqu'aux lignes du 4 juin 1967 (frontière internationale entre les territoires palestiniens et Israël), auquel je m'oppose, et un retrait unilatéral jusqu'à des lignes que nous nous serons fixées». Il y a en fait beaucoup de duplicité dans ces propos, car Ehud Olmert, plutôt plus à droite encore que Sharon, semble surtout prendre les devants sentant le vent tourner et la mansuétude des protecteurs de l'Etat hébreu se lasser. En fait, Olmert ne fait que réaffirmer, par d'autres termes que Sharon, ce que le Premier ministre israélien a toujours affirmé: oui à un Etat palestinien, mais aux normes et aux conditions d'Israël. C'est-à-dire un Etat peu fiable morcelé en bantoustans et placé sous haute surveillance de l'armée israélienne. La construction du mur, qui empiète largement sur la Cisjordanie est en vérité un début d'exécution de la politique d'apartheid que Sharon veut imposer aux Palestiniens.