Israël n'a rien fait pour encourager les mouvements radicaux palestiniens à poursuivre leurs efforts pour la paix. Son mépris envers leur initiative unilatérale de déclarer une trêve de trois mois, en vigueur depuis le 29 juin dernier, dans les attentats anti-israéliens, les pousse à refuser de proroger l'opération à son expiration. Ce sera le retour à la case départ et la violence prendra le pas sur le dialogue. Les deux attentats suicide d'hier à l'entrée de la colonie d'Ariel dans le nord de la Cisjordanie et dans un centre commercial de Tel-Aviv et qui ont fait deux morts côté israélien, est signe annonciateur de la non-reconduction de la trêve. Hamas a revendiqué l'opération et Israël a reporté la libération de 69 prisonniers palestiniens en signe de représailles. Tant que les agressions et les violations se poursuivent, la trêve ne sera pas reconduite, c'est là en substance les déclarations des responsables des mouvements radicaux palestiniens en réponse à la question de savoir si la trêve allait être prorogée. Les raisons de cette attitude sont toutes simples, Israël ne fait rien pour encourager les initiatives de paix. Pis, l'Etat hébreu poursuit ses exactions contre le peuple palestinien et refuse d'accéder aux requêtes de l'autorité palestinienne, notamment sur les questions des prisonniers, de la clôture de sécurité, du droit au retour des réfugiés des colonies et de l'évacuation des villes et villages réoccupés depuis septembre 2000, date du déclenchement de la seconde Intifadha. La mort de quatre Palestiniens vendredi dernier, tués par les soldats israéliens parce que soupçonnés de cacher une bombe de fabrication artisanale à Naplouse, a été la goutte qui a fait déborder le vase, pour les dirigeants des mouvements islamistes, déterminés à reprendre leurs activités anti-israéliennes. “Israël ne veut pas d'un cessez-le-feu et viole le cessez-le-feu, alors il n'est pas question de discuter d'une extension de la trêve”, a déclaré à la presse Mohammed Al-Hindi, un chef politique du Djihad islamique. “Nous n'allons pas discuter maintenant. Nulle part dans le monde, il n'est question d'un cessez-le-feu qui ne s'appliquerait que dans un seul camp”, a-t-il ajouté. Ce point de vue est partagé par Ismaïl Haniyé, un responsable de Hamas, qui a affirmé qu'il était inapproprié de parler de l'extension de la trêve en ce moment. “Il est difficile de parler d'une prolongation du cessez-le-feu, alors que les violations israéliennes continuent”, a-t-il dit. Ces déclarations viennent contredire les affirmations du ministre palestinien de la culture, Ziad Abou Amr, selon lesquelles les mouvements radicaux palestiniens s'étaient réunis après le raid de l'armée israélienne à Naplouse et s'étaient mis d'accord sur une extension de la trêve à son expiration. Le premier ministre palestinien a, dès maintenant, rendu Israël responsable d'une éventuelle rupture ou non reconduction de la trêve. Se considérant non concerné par les dispositions du cessez-le-feu déclaré unilatéralement par les groupes palestiniens, l'Etat hébreu continue à agir à sa guise, provocant à chaque fois l'ire des Palestiniens. Sharon pousse son arrogance jusqu'à fixer un ultimatum à l'autorité palestinienne, fin septembre, pour qu'elle démantèle les groupes radicaux armés qui sont derrière les attentats anti-israéliens, sinon il le ferait à sa place. S'il met à exécution sa menace, il ne fait aucun doute que la situation deviendra incontrôlable. La “feuille de route” du quartette aura alors vécu. K. A. Yasser Arafat “Israël veut des “ghettos” palestiniens, pas un Etat” La construction d'une barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie vise à installer les Palestiniens dans des "ghettos", et non à créer un Etat, a affirmé le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, dans une interview publiée hier. “Ce n'est pas une barrière de sécurité, contrairement aux affirmations israéliennes, c'est une barrière politique (...) destinée à faire d'un Etat palestinien quelque chose qui n'a rien à voir avec ce qu'il devrait être”, a déclaré M. Arafat au journal gouvernemental égyptien Al Ahram. “Israël a déjà pris 58 % de la Cisjordanie. Ce qui reste aux Palestiniens est 42 %, dans des cantons à Hébron, Jéricho, Ramallah, Naplouse, Jénine, dans les ghettos de Kalkilya et de Tulkarem, avec un—mur de Berlin— autour de Jérusalem”, a-t-il ajouté. “Israël n'a rien donné aux Palestiniens, nous nous demandons ce qu'il est advenu de la feuille de route, deux mois après sa proclamation”, a ajouté M. Arafat, faisant référence au plan de paix international, soutenu en particulier par les Etats-Unis, qui prévoit la création par étapes d'un Etat palestinien d'ici à 2005. Le dirigeant palestinien s'est pourtant félicité de l'action menée par l'administration américaine.