“En fin de compte, il y aura un Etat palestinien. Je ne pense pas que nous devons régner sur un autre peuple et gérer ses affaires”, a affirmé Ariel Sharon dans une interview parue, hier, dans un quotidien israélien. Il se dit disposé à prendre “des mesures douloureuses pour tout juif (…), telle l'éventualité de se séparer de lieux très significatifs pour Israël comme Bethléem, Shilo et Beit El”. Il lie sa nouvelle position à la guerre en Irak, qui, selon lui, “a provoqué une secousse au Moyen-Orient”. Cette “sortie” pour le moins surprenante de Sharon ne diffère en rien des précédentes même si la création d'un Etat palestinien est clairement évoquée, parce que Israël ne fait aucune nouvelle concession par rapport à ses positions antérieures. Le leader du Likoud a fait cette déclaration “poudre aux yeux”, alors qu'il a “alourdi” la fameuse feuille de route du quartette de quinze observations, à même de décourager les partisans de la paix dans la région. D'ailleurs, il n'a pas encore donné son accord à la publication de ce document que lui et le président américain lient à la prise de fonctions du nouveau Premier ministre palestinien Abou Mazen. Côté palestinien, l'accueil réservé aux déclarations d'Ariel Sharon montre le scepticisme prévalant parmi les responsables de l'Autorité palestinienne. “L'important est que Sharon donne son accord à la feuille de route et commence à l'appliquer en retirant l'armée israélienne des territoires palestiniens”, a dit, dans une première réaction, le conseiller de Yasser Arafat, Nabil Abou Roudheina. Celui-ci trouve son explication dans le reste des affirmations du chef du gouvernement israélien. “Pour parvenir à la fin du conflit, les Palestiniens doivent renoncer au droit du retour et reconnaître l'existence d'un Etat juif indépendant sur la terre nationale du peuple juif”, a insisté le patron du Likoud, qui sait pertinemment que l'Autorité palestinienne ne cédera pas sur la question du droit au retour des quatre millions de réfugiés palestiniens en 1948, qui constitue un point essentiel de ses revendications. En clair, Sharon attend d'autres concessions de la part des Palestiniens lorsqu'il dit qu'un “accord dépend avant tout des Arabes”, et se lance dans une longue énumération des conditions accompagnant son “offre de création d'un Etat palestinien”. Cette possibilité, prévue pour 2005 par la feuille de route du quartette, risque à nouveau d'être reléguée aux calendes grecques, car le boucher de Sabra et Chattila ne fait pas d'offre de paix réelle, mais agrémente ses précédentes conditions, déjà décourageantes, d'autres préalables que les Palestiniens ne sont pas près d'accepter. K. A.