La polémique provoquée par ses propos, dans lesquels il avait établi un parallèle entre l'Islam et la violence le 15 septembre 2006 à l'université de Rastibonne en Allemagne, n'a pas encore été oubliée, voilà que le pape Benoît XVI assimile les Palestiniens à des terroristes en les appelant à “résister à la tentation de la violence et du terrorisme”. Contrairement à son prédécesseur, le pape Jean-Paul II, qui n'avait jamais tout au long de son pontificat d'un quart de siècle suscité la moindre polémique avec les musulmans, Benoît XVI ne cesse, lui, depuis son arrivée au Vatican en 2005, de provoquer l'ire de la communauté musulmane par ses déclarations hostiles à l'Islam. Hier, dans un discours à Bethléem en présence du président palestinien, Mahmoud Abbas, il a appelé les Palestiniens à résister à la tentation du terrorisme. “Ayez le courage de résister à toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous livrer à des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, permettez que ce que vous avez vécu renouvelle votre détermination à construire la paix”, a-t-il lancé en direction des Palestiniens de manière générale, sans faire référence à leur appartenance politique ou à leur obédience religieuse. Est-ce là une façon d'assimiler tout un peuple qui lutte pour recouvrer son indépendance à un peuple de terroristes, comme le fait Israël et ses alliés occidentaux ? Pourquoi faire référence au terrorisme, dans le cas du peuple palestinien qui vit l'oppression depuis maintenant plus de soixante ans, et qui a le droit de lutter par tous les moyens, à l'instar de tout le peuple du monde, pour disposer d'un Etat souverain ? Assimiler son combat à du terrorisme et se taire devant le véritable terrorisme d'Etat auquel a recours l'armée israélienne pour massacrer les Palestiniens par milliers, comme ce fut le cas lors de la dernière agression contre Gaza, constitue une violation de la légalité internationale et une injustice vis-à-vis de l'histoire. Même s'il a apporté dans son discours son soutien à l'établissement d'“une patrie palestinienne souveraine”, le pape ne peut parler de terrorisme pour évoquer la lutte de ce peuple meurtri, car il s'agit d'un combat pour la liberté. “Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur de frontières reconnues au niveau international”, a dit Benoît XVI au président palestinien Mahmoud Abbas. Toutefois, il demandera aux Palestiniens de faire encore preuve de patience, le cas échéant, en ajoutant : “Mais si, à l'heure actuelle, cet objectif semble loin d'être atteint, je vous encourage fortement, vous et votre peuple, à garder vivante la flamme de l'espérance, l'espérance qu'un moyen pourra être trouvé pour satisfaire les légitimes aspirations, tant des Israéliens que des Palestiniens, à la paix et à la stabilité.” Comment peut-on demander à ce peuple de patienter encore après six décennies passées sous les canons des fusils et des chars israéliens, sans oublier les bombes à sous-munitions, au phosphore, etc. En dépit de ce discours pro-israélien, de nombreuses voix critiques en Israël lui reprochant de ne pas avoir exprimé de manière suffisamment claire ses remords pour la Shoah. Pis, il a suscité de nombreuses critiques en Israël, où ses discours ont été jugé insuffisants pour dissiper le malaise lié à l'affaire du Pape Pie XII, voire au propre passé de Benoît XVI dans les jeunesses hitlériennes et l'armée allemande. Merzak Tigrine