Lalla Tounès habitait dans la région appelée de nos jours Lakhdaria (ex-Palestro). Elle était arrivée un beau matin traînant son ballot et avait élu domicile dans ce village. Lalla Tounès avait la réputation de guérir tous les bobos et aussi elle avait par ailleurs, un don inouï pour la voyance. Les gens venaient de partout pour la consulter et des chaînes interminables se formaient devant sa maisonnée. Ceux qui souffraient de troubles de l'âne où qui pensaient être victimes du mauvais œil “El Aïn” repartaient soulagés et sereins après une petite visite chez la voyante-guérisseuse. Après sa mort, et comme elle l'avait souhaité de son vivant, Lalla Tounès fut enterrée au cœur même de sa petite maison. D'aucun aurait pensé que les “ziarat” et le flot des visiteurs allait s'arrêter avec la disparition de cette guérisseuse. Mais non ! Les processions humaines se poursuivirent de plus belle. Aujourd'hui encore, des âmes en peine à la recherche d'un miracle: guérison, mariage, enfantement… viennent se recueillir sur sa tombe. On raconte que par temps de sécheresse, les habitants du village organisent la “waâda de Lalla Tounès” (l'offrande Lalla Tounès) pour conjurer le mauvais sort et appeler à une météo plus généreuse. Des bêtes sont alors sacrifiées à cette occasion et un énorme couscous préparé en l'honneur de cette femme qui a été élevée au rang de sainte par les villageois. Des prières sont ensuite dites afin d'invoquer le ciel d'être plus clément. Nadia Arezki [email protected]