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Des aléas et des drames
Accouchements en zones rurales
Publié dans Liberté le 19 - 11 - 2005

Boukroum, l'une des communes les plus déshéritées de Lakhdaria (distante d'environ 25 km du chef-lieu de daïra), est atteinte au bout de près d'une heure de trajet sur une route étroite, affaissée à plusieurs endroits. La localité, de 6 300 habitants, regroupe 30 villages essaimés dans la montagne et difficilement accessibles par des pistes, lesquelles disparaissent carrément sous la boue, par temps de pluie.
Plusieurs détours sont nécessaires pour trouver le siège de l'APC, un bâtiment sombre dont la façade ne porte aucune inscription indiquant sa fonction. Le maire semble d'abord surpris qu'on lui pose une question sur les natalités dans sa circonscription. “Rares sont les bébés enregistrés à l'état civil de la commune, car ils naissent ailleurs, à Lakhdaria, Khemis El-Kechna et même… Aïn Taya”, répond-il. La commune ne possède pas de centre sanitaire. “Une salle de soins est en cours de réalisation. Les urgences sont évacuées vers la ville”, indique l'élu local. Les parturientes sont évidemment transportées à bord de véhicule personnel, prêté ou loué entre 800 et 1000 DA. La Protection civile n'a pas de poste à Boukroum. “Nos préoccupations majeures sont l'eau et la route. Pour les accouchements, nous nous débrouillons”, déclare le maire. Il demande à deux de ses collaborateurs de nous accompagner dans les villages. Cap sur Dechra, Tizi Makou. Dans l'une des maisons, El-Hadja, 82 ans, faisait ses ablutions à notre arrivée. Dans son plus jeune âge, elle a aidé beaucoup de femmes à mettre au monde leurs enfants. “Vous savez, nous faisions comme les chèvres, nous expulsons le bébé là où nous nous trouvons”, nous dit-elle dans un rire, quand elle nous a rejoint dans une pièce sombre, meublée d'un lit et des couvertures empilées dans un coin. “J'ai accouché de l'une de mes filles tandis que les militaires français assiégeaient la maison”, se rappelle-t-elle. Actuellement ? “Les femmes préfèrent les hôpitaux”. Elle appelle son arrière petite-fille, mère de deux filles, âgées de trois et deux ans. Zineb (appelons-la ainsi), 23 ans, raconte son expérience. “Dès que j'arrive à terme, mon mari reste à la maison pour m'emmener à l'hôpital aux premières contractions. Nous avons la chance d'avoir une voiture, qui sert d'ailleurs d'ambulance à tout le douar”, ironise-t-elle. À la maternité de Palestro (ancienne appellation de Lakhdaria), la jeune femme certifie que les mamans occupent, chacune un lit. “Mais c'est sale”. Ce n'est pas là la seule tare de la structure. La maternité de cet établissement fonctionne uniquement avec des sages-femmes et des accoucheuses (infirmières spécialisées) pour une dizaine de naissances par jour. Aucun gynécologue n'y exerce plus depuis le départ des médecins russes au début des années 90. Interpellée, la responsable du service — une sage-femme — hésite à nous parler sans l'accord préalable de la direction. Elle finit par consentir à nous révéler que les femmes présentant des grossesses à risques sont systématiquement orientées vers la capitale. Le transfert s'effectue parfois trop tard. Le Dr Ouamer, chef de service de santé maternelle et infantile à la division de la santé et de la population d'Alger, a reçu récemment une correspondance du directeur de l'hôpital de Belfort, dans laquelle il lui signale le décès d'une femme, qui a été évacuée de l'hôpital de Lakhdaria dans un état critique. “À son arrivée à Belfort, l'équipe a constaté, au moment de la retirer de l'ambulance, qu'elle était déjà morte. Nous ne savons pas si le décès est survenu au cours du trajet ou avant. Nous savons seulement qu'elle présentait un accouchement difficile”, révèle le Dr Ouamer. La responsable de la maternité à l'hôpital de Lakhdaria assure pourtant : “Des lettres d'orientation vers des hôpitaux d'Alger sont données aux femmes susceptibles d'avoir des complications à l'accouchement. Nous évacuons les cas extrêmes par ambulance”. Elle reconnaît que les urgences de l'hôpital ont admis des patientes souffrant de complications survenues suite à des accouchements à domicile. Zineb rapporte le cas d'une voisine, qui a mis au monde, il y a trois ans, son bébé sans la moindre aide extérieure. “Elle s'est isolée dans une pièce et a accouché seule sans assistance d'une tierce personne. Les membres de sa famille l'ont trouvée, le lendemain matin à leur réveil, avec le nourrisson lavé et langé”. En hiver, très rude dans la région, beaucoup de femmes accouchent à domicile. Les plus prévoyantes se présentent à la maternité une semaine ou dix jours avant l'heure de la délivrance. “Nous sommes contraints de les hospitaliser prématurément, car elles viennent de douars lointains et surtout isolés”, confirme le chef de service maternité de l'hôpital de Lakhdaria. À Firkioua, le paysage est très beau.
Paradoxalement, la misère y est omniprésente. Un groupe de femmes papotent dans une cour, en contrebas d'une modeste maisonnette. Nul besoin d'insister pour qu'elles expriment de la rancœur face à l'indigence et surtout au manque de perspectives. “Le transport public n'arrive pas jusqu'ici. Dans le cas d'une urgence, nous devons attendre le retour des hommes, en fin de journée", témoigne une quadragénaire.
Là aussi, il est de bon alors de miser sur la solidarité des voisins possédant un véhicule ou compter sur le portefeuille. “Beaucoup de voisins, plus ou moins aisés ont quitté Firkioui pour habiter plus près de la ville”, poursuit notre interlocutrice. “Le dispensaire, qui servait aussi de maternité, est fermé depuis plus de dix ans. Le bâtiment est occupé par la gendarmerie. Nous aurions aimé qu'il y ait une équipe médicale mobile qui fasse le tour des villages”, indique une jeune fille. Zineb, notre témoin de Tizi Makou estime que les épreuves de l'accouchement sont vite oubliées quand aucun drame ne survient (décès de la mère ou de l'enfant). Elle s'inquiète surtout pour l'avenir de ses filles dans une localité où l'école primaire est à plus de deux heures de marche.
Un choix cornélien se pose à elle. “Je dois soit me séparer d'elles en les laissant chez mes parents pour qu'elles soient scolarisées, soit les garder près de moi mais les priver de l'école. Insistez, SVP, pour qu'on construise une école primaire près de chez nous”.
S. H.


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