La CNPPDH sera réformée. À l'effet “de consolider son assise juridique et sa crédibilité au niveau international, notamment auprès des Nations unies”. C'est, de l'aveu même du Conseil des ministres, un organe aux assises juridiques faibles qui, jusqu'ici, traite des droits de l'Homme en Algérie. C'est tout de même un paradoxe que nos droits fondamentaux dépendent d'une institution qui, pour elle-même, n'a pas la pertinence juridique suffisante. Mais comme la CNPPDH s'est spécialisée dans la défense des intérêts juridiques et matériels des terroristes élargis ou rendus, la question de la conformité ne se posait pas : tout ce qui est bon pour la réconciliation nationale, érigée en source de légitimité suprême, est bon pour le pays, pour le peuple, pour l'Etat et pour le citoyen. C'est donc aussi un organisme en déficit de crédibilité internationale qui représentait notre conception des droits de l'Homme. Comme toutes nos institutions, il a dû souffrir de la maltraitance politique générale qui a réduit nos instances à une multitude de chambres d'enregistrement d'une volonté unique et discrétionnaire. Il est donc peu probable qu'une des retouches cosmétiques sur un tel organe puisse rattraper les effets d'un fonctionnement antidémocratique d'un Etat. Mais pourquoi, en ce début de troisième mandat, s'attache-t-on à colmater en priorité les carences de crédibilité de la CNPPDH ? Surtout que, nous dit-on, la réconciliation suit son cours avec une efficacité jamais démentie. Sinon par les faits. Pendant des années, le verbe de Farouk Ksentini et la bourse de Ould-Abbès ont fait ce qu'ils ont pu pour assumer la plaidoirie pour l'impunité des terroristes et son financement. Mais maintenant qu'on prévoit plus que des primes sonnantes et trébuchantes pour les terroristes élargis, il faudra plus que le talent d'un virtuose du barreau pour tenter de faire passer la pilule. Alors, la CNPPDH doit être revue. Dans sa composition et dans son fonctionnement. Et si Ksentini avait été coupable d'un faux départ en lançant la campagne pour l'amnistie générale, dès le lendemain de son évocation par le Président-candidat ? Il n'a pas assimilé la méthode : le régime use de la technique de la lente maturation ; il l'a fait pour la concorde civile, la réconciliation nationale et la révision constitutionnelle pour le troisième mandat. Le temps travaille pour les islamistes et il n'y a pas lieu de précipiter les choses. La méthode est rodée : la mise en place des structures, d'abord, la conception du discours, ensuite, et la mobilisation générale pour battre campagne, enfin. C'est probablement pour cela que, dans sa révision du statut de la CNPPDH, le pouvoir a pensé à élargir la “base” de la Commission à “une plus large représentation”. Il n'y a pas que cela. La scène pour un surplus de droits aux terroristes est en place : le projet survient en même temps que débute une campagne qui tente de présenter de sanguinaires “émirs” en apôtres de la paix. Même les droits de l'Homme et la crédibilité internationale semblent adaptés au seul projet pour lequel nous avons de la suite dans les idées : toujours plus de droits aux anciens terroristes. M. H.