Le plan d'action du gouvernement a été présenté aux députés qui l'adopteront dimanche après avoir posé quelques questions de principe au Premier ministre. Ensuite, tout le monde pourra se reposer en surveillant le prix du Brent. Quarante-cinq minutes d'exposé, c'est court pour une Assemblée qui doit être convaincue de la fidélité du plan d'action au programme du Président réélu, convaincu de sa pertinence, de la disponibilité de son financement… Mais quarante-cinq minutes, c'est long pour un programme qui, comme le rappelait Ouyahia, a déjà été plébiscité par 90% des 74% d'Algériens qui ont, officiellement, voté le 9 avril dernier. Il faudra que les députés du peuple s'en rappellent pour les cinq ans à venir : tout ce qu'ils auront à voter, dans les cinq ans à venir, est déjà plébiscité par 90% des électeurs. Il faudra qu'ils s'en souviennent, eux qui n'ont été élus que par 35% des inscrits. Le plan d'action semble, au demeurant, conforme au programme 2009-2014 du Président, lui-même continuateur des programmes précédents. Un programme qu'on peut résumer en trois points : premier point : la réconciliation nationale ; deuxième point : la réconciliation nationale ; troisième point : la réconciliation nationale ! Cette fois-ci dédiée à… l'unité nationale, la paix étant revenue, partout où le terrorisme ne frappe pas. Objectif programmatique inédit, l'unité nationale reste donc à consolider. Par un surplus de réconciliation nationale, c'est-à-dire un surplus de motifs d'arrogance et d'agressivité pour les islamistes. La réconciliation, qui rend possible le recyclage des repentis de Boumerdès où les repentis n'ont pas besoin de remonter au maquis pour exécuter un commissaire ; celle d'étudiants de l'Ugel de Mostaganem qui ont lynché d'autres étudiants qui ont eu l'outrecuidance d'organiser une vraie fête ; celle qui autorise Menasra à proclamer que son parti, n'a pas besoin d'agrément pour activer… Comme s'il restait des espaces à livrer à l'islamisme, Ouyahia envisage de mobiliser l'école, la mosquée, les médias et les… espaces de culture. Pour l'école, cela fait dix-sept ans qu'elle se réconcilie à l'islamisme et qu'elle ne fait que cela, si bien que plus aucun responsable politique, plus aucun homme d'affaires, plus aucun haut fonctionnaire, plus aucun membre des hiérarchies institutionnelles ne mettent leur enfant à l'école algérienne. La mosquée, quant à elle, n'a pas attendu un plan d'action pour se mettre à la réconciliation. Que l'on sache, on n'y a pas appelé à la résistance. Les médias, eux aussi, ont adopté une alimentaire réconciliation qu'ils portent à coups d'éloges de la charte et de pieuses inventions sémantiques qui ornent désormais notre littérature journalistique. “Les espaces de culture” ? Ils sont où ? Dans la cinémathèque d'où on vire la mémoire de Boudjemâa Karèche ? Dans la Bibliothèque nationale d'où l'on chasse Amine Zaoui ? Dans les librairies qu'on ferme ? Le programme alibi des emplois, des logements, des routes, des barrages, peut-être. Certainement pas en quantités promises. Mais la régression culturelle, c'est sûr. La réconciliation, et désormais l'unité nationale, passe par cette égalisation à ras pour laquelle on compte mobiliser les institutions. M. H.