La pause observée durant l'intersession a permis aux élus du peuple, de constater cette amère réalité sur le terrain. Jamais depuis l'élection de cette Assemblée, en mai 2007, les députés n'ont été aussi offensifs et critiques envers les membres du gouvernement. Les élus de la chambre basse ont dénoncé la flambée des prix des produits de première nécessité. Ils retournent à l'hémicycle avec un constat amer. «Le pouvoir d'achat est désastreux» crient haut et fort les députés. Tous les intervenants à la séance des questions orales, tenue jeudi à l'APN, ont tiré la sonnette d'alarme. Sur les 55 interventions enregistrées, le pouvoir d'achat s'est taillé la part du lion. Les représentants du peuple n'ont pas été tendres avec les membres du gouvernement. «Les prix sont inabordables, voire hors de portée des petites bourses», ont réitéré la plupart d'entre eux. Opposants ou partisans, les représentants des partis politiques se sont tous révoltés contre l'inflation qui secoue le marché. «C'est inconcevable qu'un bidon de cinq litres d'huile coûte 1000 DA alors que les prix du pétrole dépassent la barre des 100 dollars», déplore un député du MSP. «Le peuple est menacé de famine», hurle, pour sa part, un député du RND. Et de renchérir: «C'est honteux pour un pays qui repose sur un matelas de 110 milliards de dollars de réserves de change». «Vous parlez d'une amélioration du pouvoir d'achat alors que la réalité démontre le contraire», martèle, de son côté, une représentante du PT. La séance de jeudi s'est transformée en procès vis-à-vis du gouvernement. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et celui chargé des Relations avec le Parlement ont encaissé des blâmes. Jamais les députés ne se sont autant acharnés contre le gouvernement comme cette fois-ci. La pause observée durant l'intersession a, semble-t-il, permis aux élus du peuple de prendre acte de l'envolée des prix. Preuve en est, ces derniers ont fait une entrée bruyante en consacrant la première séance des travaux au pouvoir d'achat. Ils ne se sont pas contentés de critiquer le gouvernement, ils lui reprochent le fait de ne pas tenir ses promesses. Ils se posent alors une série de questions: que fait le gouvernement pour améliorer la situation? Où sont les promesses sur l'amélioration du pouvoir d'achat? Comment expliquer la fièvre que connaît le marché? Ce sont autant de questions soulevées par les uns et les autres pour exprimer le calvaire que vivent les citoyens. Dans sa réponse, M.Khedri, qui représentait son collègue Djaâboub, a tenté d'apporter quelques explications. Le ministre a rappelé les mesures prises par le gouvernement pour protéger le pouvoir d'achat du consommateur. Le coût global des subventions, outre celles qui pourraient être prises dans le futur pour faire face aux fluctuations éventuelles des prix d'autres produits, dit-il, avoisine les 2,5 milliards de dollars/an, soit environ 180 milliards de dinars. Le ministre n'a pas exclu une éventuelle subvention des prix des légumes secs et des huiles. Parlant toujours des mesures engagées, il a cité le projet de loi relatif à la concurrence, adopté récemment par le Conseil des ministres qui vise à lutter contre le phénomène de spéculation. Le projet en question sera bientôt soumis à l'APN. M.Khedri a précisé que le Conseil de la concurrence relevant du ministère du Commerce sera doté de moyens d'action nécessaires à la régulation du marché. Ces amendements, a dit M.Khedri, visent la réactivation et la réhabilitation de ce conseil qui a pour rôle la régulation du marché et la lutte contre le monopole des marchandises. Voulant sauver la mise, le ministre a rappelé les efforts déployés par l'Etat pour la création de marchés de proximité. Enfin, selon un document du Centre de recherche américain, Casey Research, publié par le site «Tout sur l'Algérie», le taux d'inflation a atteint près de 12% en 2007. L'Algérie affiche ainsi l'un des taux d'inflation les plus élevés de la zone Afrique du Nord-Moyen-Orient. Dans cette région, les prix ont augmenté en moyenne de 8% en 2007.