Les élections législatives libanaises du 7 juin prochain intéressent au plus haut point les Etats-Unis, qui veulent influer sur les résultats de ce scrutin, si l'on en juge par les déclarations à Beyrouth du vice-président américain Joe Biden. Ce dernier n'y est pas allé par quatre chemins en avertissant que le programme d'aide de son pays au Liban dépendrait de l'issue de ces élections. Cet intérêt américain s'explique par la crainte de voir le Hezbollah de Nasrallah, bête noire de Washington, remporter le vote. “Les Etats-Unis détermineront leur programme d'aide en fonction de la composition et des politiques du prochain gouvernement”, a affirmé l'adjoint de Barak Obama, en référence à la possible victoire au scrutin du Hezbollah, un allié de la Syrie et de l'Iran qui est classé comme organisation terroriste par Washington. Pour information, les Etats-Unis fournissent au Liban une aide civile et militaire dont le montant cumulé n'est pas précisé. Depuis 2006, ils ont fourni une aide de 410 millions de dollars à l'armée libanaise, qui comprend des avions, des chars, des armes légères, des véhicules et de l'entraînement. Il a carrément appelé les Libanais à ne pas soutenir les parties qui entravent, selon lui, les efforts de paix, en allusion au Hezbollah et ses alliés. Joe Biden a notamment dit : “J'appelle ceux qui pensent se ranger du côté des parties hostiles à la paix à ne pas rater cette occasion et à s'éloigner de ces gens-là”, tout en appelant à des élections “équitables, libres et transparentes”. Et pour dissiper les craintes libanaises, Biden assurera que “la souveraineté du Liban ne fera pas l'objet d'un compromis”, en réponse aux craintes de la majorité antisyrienne de voir le timide rapprochement entre Washington et Damas, ancienne puissance de tutelle au Liban, se faire au dépens de ce dernier pays. Bien qu'il ait indiqué “n'être venu soutenir aucune partie ou institution politique au Liban”, ces déclarations s'apparentent à une ingérence dans les affaires internes libanaises. D'ailleurs, cette visite a été qualifiée d'ingérence dans les élections législatives par le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah. “Il semble que la visite s'inscrive dans le cadre de la supervision américaine de la campagne électorale d'une partie libanaise qui se sent menacée politiquement au vu des changements régionaux et des résultats prévus des législatives”, a affirmé le responsable du parti de Nasrallah. À son tour, Fadlallah lancera un appel au peuple libanais : “Nous demandons à tous les Libanais, toutes tendances confondues, d'empêcher une telle ingérence qui représente une violation flagrante de la souveraineté libanaise.” Ceci étant, le mouvement Hezbollah ne craignait pas d'être boycotté par la communauté internationale en cas de victoire aux législatives, comme ce fut le cas avec le Hamas palestinien en 2006, selon le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem.