L'ambassadeur d'Italie à Alger a abordé, hier, plusieurs sujets d'actualité dont l'immigration clandestine, les visas de travail, l'apport de la communauté immigrée dans le développement économique de son pays ainsi que la participation italienne à la Foire internationale d'Alger. Nous avons souvent lié le phénomène des harragas aux conditions socioéconomiques déplorables qui poussent des dizaines de jeunes à risquer leur vie pour rejoindre le Nord. S'il est vrai qu'en partie, l'explication tient la route, il n'en reste pas moins que l'implication de réseaux criminels dans ce trafic humain des temps modernes est pour beaucoup dans son aggravation. L'ambassadeur d'Italie en poste à Alger, Son Excellence Giampaolo Cantini, est catégorique sur la question. Lors d'une rencontre organisée hier au siège de l'ambassade avec la presse, le diplomate a lié le phénomène des harragas à des réseaux criminels de blanchiment d'argent et de recyclage illégal de fonds qui exploitent la détresse humaine à des fins strictement pécuniaires. L'Italie, qui tente d'organiser la lutte contre l'immigration clandestine avec ses partenaires européens et les pays de la rive sud, est considérée aujourd'hui comme étant la quatrième destination dans le monde en termes de flux migratoire. “Nous avons enregistré en 2008 plus de 34 000 immigrés clandestins en Italie”, a précisé l'ambassadeur qui a relevé que les centres d'accueil mis en place par le gouvernement italien ne sont plus à même de supporter ce flux. En insistant sur le fait que l'Italie demeure l'un des pays au monde qui accueille correctement les immigrés, le diplomate a cependant indiqué que l'approche strictement sécuritaire ne peut régler à elle seule le problème qui est aujourd'hui de dimension internationale. D'autres mesures sont à envisager afin de limiter le phénomène dans son développement. Concernant les harragas, S. E. M. Giampaolo Cantini a déclaré que son pays a refoulé en 2008 plus de 400 personnes vers l'Algérie, et ce, dans le cadre des accords sur les réadmissions conclus entre les deux pays en 2006. Par ailleurs, l'ambassadeur a rappelé les mesures annoncées le 11 mai dernier dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine à savoir notamment la création de patrouilles de contrôle conjointes ainsi qu'une assistance italienne pour la surveillance des côtes libyennes. Mais l'Italie connaît à présent une forte communauté immigrée dont l'incidence sur le PIB est de 9% dès lors qu'il existe aujourd'hui parmi les immigrés plus de 1,5 million de travailleurs subordonnés et 165 114 chefs d'entreprise. Selon les prévisions de l'Institut italien des statistiques, la proportion des immigrés sur le total de la population a constamment augmenté au cours des années, représentant 5% de la population globale contre 2,3% en 2001. Les immigrés en Italie dépasseront les 12,4 millions en 2050, soit 18% de la population totale. Concernant la communauté algérienne, cette dernière est de 18 735 résidents, un chiffre arrêté au 31 décembre 2008. Ce qui constitue 4% de l'immigration légale en provenance des pays du Maghreb mais qui bien intégrée dans la société. La communauté algérienne est présente dans pratiquement toutes les provinces dont Brescia, Milan, Naples, Vicence, Perugia, Rome, Tréviso et Udine. Parmi les motifs principaux de séjour figurent le travail et les relations familiales. “Les Algériens sont installés dans les villes les plus dynamiques et dans des centres industriels”, a souligné le diplomate. Selon l'ambassadeur, quelque 1 000 chefs d'entreprise algériens sont établis en Italie avec une nette concentration dans les secteurs liés au commerce. Cependant, le quota annuel de 1 000 visas de travail mis en place depuis 2007 en faveur des travailleurs algériens désirant s'établir en Italie n'a jamais été exploité. En 2008, sur les 1 000 titres de séjour, seulement 415 visas ont été délivrés. Ainsi, plus de la moitié du quota reste vacante. Pour la procédure, il est expliqué que la négociation se fait entre la personne concernée et l'employeur basé en Italie. Dès que le contrat de travail est signé et que la préfecture délivre une autorisation, la personne se présente au consulat avec son dossier pour avoir le visa de travail dont la durée est d'une année renouvelable, voire deux ans. L'ambassadeur n'a pas manqué d'évoquer la Foire internationale d'Alger et la participation de plus de 80 entreprises italiennes, plaçant l'Italie en deuxième position après la France.